samedi 20 février 2016

5°- FAIRE SUER LE BURNOUS


  Faire suer le burnous, signifiait à cette époque en Algérie, faire bosser les bougnoules pour enrichir encore plus, les déjà riches colons propriétaires de leurs anciennes terres.


     Au Domaine, la sueur des travailleurs arabes arrosait les plants de vigne plus que n’importe où ailleurs. Mal payés, mal traités, humiliés, deux à trois cents ouvriers agricoles courbaient l’échine sous la poigne brutale du contre-maître Césario Carvalho et sous le contrôle indifférent du pointeur Tobias Mercier, quant au patron Monsieur Alois de Saint Léon, il ne prêtait aucune attention à ce qui ce passait à l’extérieur, passait son temps dans son laboratoire et n’en sortait que pour aller chasser le faisan et la perdrix avec des invités.
Vers la mi-août, commence le branle-bas des vendanges. Personne n’a une idée de ce que représentent les vendanges sur un domaine de cette importance, comportant 4 parcelles de vigne de 500 hectares chacune. Le Domaine est à la pointe du progrès, la mécanisation poussée au maximum. Des rangs de vignes plantés avec un espacement de 3 mètres permettent le passage des gros Caterpillar à chenilles.
Mais pour la cueillette des grappes, il faut quand même utiliser de la main-d’œuvre indigène. Des ouvriers affluent de partout. Dès l’aube on peut les voir descendre vers la plaine zigzaguant comme des chèvres sur les sentiers, pour être les premiers à l’embauche. Jusqu’à 500 par parcelle, c’est qu’il faut que tout soit terminé en 3 ou 4 semaines. 
Les plus jeunes coupent les grappes, qui s’entassent dans des seaux en tôle, les hommes soulèvent la charge, la mette sur une épaule protégée par un sac de jute : ils vont ainsi jusqu’aux bennes à bascules, où ils les vident dans un aller et retour harassant, par une température de 35 C°. Les ouvriers s’interpellent en d’interminables "chikayas". Les hommes injurient les jeunes qui remplissent trop vite ou trop plein les seaux. Les premiers jours ceux qui n’ont pas su se modérer dans la gargantuesque cure de raisin habituelle, se lève brusquement en se tenant le ventre, sous les quolibets du groupe, saisissent une pelle et s’éloigne en courant pour libérer un trop-plein intestinal bruyant et malodorant. 
Des dizaines de pointeurs à cheval pointent et contrôlent les fiches de présence. La paye n’a pas lieu avant la fin des vendanges, ceux qui veulent un acompte doivent se rendre le soir après la fin du travail dans la cour du domaine, où Bubu ouvre le guichet du  bloc de paye juste une heure. Ceux qui s’y risquent devront dormir sur place, dans les hangars ou sous les orangers enveloppés dans leurs djellabas.
Devant la cave deux énormes conquets commencent la trituration des grappes, fouloirs, érafloirs, pompes à moût, poursuivent la transformation du précieux liquide sucré qui s’écoule dans les cuves spéciales. À l’intérieur des cuves, on peut entendre le bouillonnement de la première fermentation. L’imprudent qui se pencherait sur l’une de ces cuves, s’y abîmerait, foudroyé, une surveillance de jour comme de nuit est nécessaire. Le plus important est d’empêcher la température des moûts de dépasser les 40 C ° de température. A cet effet les nouvelles caves on un double-toit et les cuves son arrosée en permanence avec de l’eau froide. Un maître de chai a été engagé qui dirige les opérations. Une vingtaine d’hommes s’activent sous les ordres de Fadi. 
Moi, je ne sors plus de mon laboratoire, des prélèvements arrivent sans cesse par centaines. Degrés° Oechsle (taux de sucre) des grappes, taux d’alcool, acidité, tout est analysé en permanence.
Les vendanges ont débuté depuis une semaine, quand le lundi 23 août au matin, je sors de mon logement pour me rendre à la cave, un silence étrange règne aux abords des bâtiments, à part quelques Européens qui discutent avec véhémence au milieu de la cour, il n’y a personne, aucun travailleur indigène, les véhicules alignés devant le hangar sont à l’arrêt, chauffeur absent. Qu’y  a-t-il… la grève ?
Je m’approche du groupe formé par Bubu, Césario, Mériadec et Tobias – à leur vue, je pressens un drame.
– Je peux savoir ce qui se passe ici ?
– Bubu explique lui.
– D’après les dernières nouvelles, il y aurait eu d’épouvantables massacres d’Européens perpétrés par l’ALN (Armée de Libération Nationale) dans la région de Constantine-Guelma, des centaines de morts civils et militaires. C’est ma sœur qui est institutrice à El Halia qui m’a téléphoné cette nuit. Elle était affolée, des cadavres jonchent les rues de la ville.
– Les bougnoules ne sont pas venus travailler, ils se terrent dans leurs gourbis ces trouillards, soit ils ont peur de la répression soit c’est un ordre du FLN hurle Césario. 
Tobias suggère d’aller voir le patron. Il part en courant en direction de la maison.
– Je vais l’avertir. Suivez-moi. Allez vous installer dans le grand salon.
À peine assis autour de la grande table d’acajou, qu’Alois de Saint Léon apparaît dans une robe de chambre en soie rouge avec motif de dragon or. Il reste debout dans l’encadrement de la porte, immobile, l’air endormi.
– Bonjour, qu’y a-t-il ?
Hubert prend la parole.
– Suite à certaines informations alarmantes, des émeutes ont eu lieu samedi et dimanche dans le Constantinois, j’en ai été informé cette nuit par ma sœur, personne n’est venu travailler ce matin, nous ne savons pas exactement pourquoi. Rien n’a encore été confirmé officiellement.
– Merci Mr. Hubert, restez tous là, je vais aller téléphoner et me renseigner en haut lieu. Tobias va vous préparer du café. 
Deux cafés plus tard, le patron revient, il a l’air soucieux. 
– J’ai pu atteindre mon frère qui est officier à l’état-major. Je vous résume. Samedi à midi et dimanche l’ALN la branche armée du FLN soutenue par des milliers de fells armés de couteaux et de haches ont attaqué Philippeville et les régions avoisinantes, il y aurait des centaines de morts et de blessés, dont de nombreux enfants. Aujourd’hui lundi, l’armée a repris la situation en main et une intense répression est en cours. 

 (Les émeutes encouragées par le FLN feront entre 2 et 300 morts, la répression par l’armée en fera 12.000). 


– Je vous conseille pour le moment de ne plus vous déplacer en dehors des limites du domaine et d’avoir une arme sur vous ou à portée de main en permanence.
– Mr. Le Wenk, je vous demande — si vous le voulez bien — de vous rendre au village d’Aïn Bouzane vous renseigner et tenter de savoir s’ils ont l’intention de reprendre le travail. Je crois savoir que vous connaissez le chemin… n’est-ce pas… M. Le Wenk ?
Ce sou-entendu me laisse pantois. Alois de Saint Léon, qui ne sort jamais de son labo est au courant de tout ce qui se passe sur le Domaine. 
Je lui réponds. 
– D’accord, j’irai, mais demain matin. À midi je serai ici et vous tiendrai au courant du résultat de ma démarche.
– Tobias, demain tu prends ma voiture et tu accompagneras M. Le Wenk jusqu’au sentier non carrossable qui monte à Aïn Bouzane, là tu attends qu’il redescende. Pour aujourd’hui, puisqu’il n’y a pas moyen de faire autrement, chacun est libre, mais surveillez quand même les installations et le matériel, on ne sait jamais, il pourrait y avoir des sabotages.
Sur ces paroles rassurantes ! nous nous retirons. Je me rends directement au labo de la cave, j’allume la radio tout en poursuivant les analyses en cours. Selon les dernières informations, l’armée aurait repris le contrôle de la région du Constantinois, bien que les dernières nouvelles se veulent rassurantes, cela me laisse sceptique. Il y aurait eu 80 Européens massacrés et mutilés, dont 10 enfants, au centre minier de El Halia et dans les environs.
Il faut que je parle avec Bubu de tout ça, mais au préalable je téléphone à Marie, qui n’a pas l’air inquiète outre mesure. 
– Oui je suis au courant — le colonel dit que c’est très régional, il n’y a pas à s’en faire, tout va rentrer dans l’ordre. 
Je ne suis pas rassuré pour autant, les véritables informations sont certainement censurées. 
– Bon, je viendrai dimanche prochain, si tu apprends quelques choses, avertis-moi. Je t’embrasse, je t’aime.
Bubu m’invite pour le repas. Il songe sérieusement à retourner en France, il n’est pas tranquille pour sa famille, sa sœur l’a informé que des familles entières ont été massacrées, les femmes violées, les bébés lancés contre les murs. Rose n’en mène pas large, elle voudrait bien partir. Je me demande si je ne devrais pas en faire autant. 
Où sont mes rêves d’aventure au parfum d’Afrique que j’avais ressentis en lisant les voyages d’Henri de Monfreid ou de Blaise Cendrars, retrouvé le premier jour lorsque Alger la blanche est apparue et que nous nous tenions enlacés avec Marie sur la proue du bateau. Rien, il ne reste plus rien, tout est sordide, sombre, mort et violence planent sur cette terre d’accueil Algérienne soumise à l’avidité des colons et à une juste révolte de ses habitants spoliés de leurs droits et de leur terre depuis plusieurs générations. 
Lorsque je suis parti pour l’Algérie, je ne connaissais rien, ni son histoire, ni ses habitants, et encore moins son statut politique, je n’avais aucune idée préconçue. Seul le destin m’a expédié dans ce pays. Bien que les circonstances soient loin d’être favorables, je ne peux pas abandonner comme ça, j’ai peut-être quelque chose à y faire, peut-être servir d’intermédiaire dans le conflit qui se prépare… allez, encore un effort le petit Suisse, fais honneur à ton pays.
Comme décidé, le lendemain matin à 8 heures, je m’installe sur le siège passager de la traction 15 cv. du patron, pas de Tobias, deux ou trois coups de klaxon prolongés le font accourir.
– Salut Tobias, vas-y prend le volant et amène-moi au départ du chemin qui mène à Aïn Bouzane.
Il n’a pas l’air très rassuré, je vois qu’il porte un revolver dans un étui fixé à sa ceinture. Le trajet nous prend une trentaine de minutes.
– Nous y voilà, si tu ne veux pas m’attendre, viens me rechercher dans 3 heures.
– Oui, d’accord, je préfère ne pas rester seul ici. Tu veux vraiment y aller, c’est peut-être dangereux en ce moment. 
– T’inquiètes, ça va aller, je ne risque rien.
– Tiens prend-le on ne sait jamais me dit-il en me tendant son pistolet.
– Non, non, pas de ça, je suis un pacifique, et je vais négocier, je dois leur faire confiance. Merci quand même, t’es un type sympa. Salut à tout à l’heure.
Devant moi, le sentier de pierres rouges grimpe en zigzaguant entre les buissons de genêts. Le soleil tape déjà dur, je n’ai rien pris avec moi, même pas ma gourde, ni mon casque colonial, j’enlève ma chemise et la noue sur ma tête. Je peux voir en haut sur ma gauche plusieurs villages, le premier est Aïn Bouzane, il me faut 1 heure pour l’atteindre.
Arrivé à 100 mètres, je vois une dizaine d’hommes dont certains munis de fusil de chasse sur l’épaule, monter la garde à l’entrée du douar. Je leur fais signe et écarte les mains en criant :
– Je voudrai parler à Fadi Lahoucine.
Conciliabule… finalement, un homme part en direction de la maison de Fadi, frappe à la porte aux "fers à cheval" qui s’ouvre immédiatement, l’homme semble parler à quelqu’un, puis revient.
– Approche.
Pas très rassuré quand même, je prends un air détaché et avance en direction du groupe.
– as-salâmou 'alaikoum.  Je suis Le Wenk, le chef caviste du Domaine.
– Fadi n’est pas là, mais quelqu’un a été le chercher, il sera là dans un quart d’heure. Tu peux attendre ici. 
Les hommes reprennent leur garde. Je m’assois sur un bloc de pierre situé au milieu du chemin. — tiens je ne les avais pas vus en arrivant, mais il y en a cinq ou six pareils qui barrent l’accès aux véhicules. Une certaine tension règne, aucune animation dans le village, pas d’enfants qui courent, personne autour du puits.
Enfin, Fadi arrive à grandes enjambées, parle avec les gardes et se dirige vers moi.
– Salut, j’étais chez le maire du village. Viens allons chez moi.
Une fois entrés dans la pièce principale, nous nous asseyons l’un en face de l’autre. Je le sens tendu, lui, habituellement toujours de bonne humeur.
– Je suppose, Fadi, que tu es au courant des derniers événements. Je viens ici comme intermédiaire de la direction du Domaine. Bien que cela ne me plaise pas beaucoup.
– Je te comprends, d’ailleurs je n’accepte de parler qu’avec toi, mais je veux bien me faire le porte-parole des hommes de la communauté arabe du douar. Qu’as-tu à me dire ?
– Bien, je te remercie de ta confiance, et je ne la trahirai jamais. Comme tu le sais, il reste encore 1 semaine pour terminer les vendanges, après, avec cette chaleur, il sera trop tard. Alors, la question est… comptez-vous reprendre le travail ? Si oui quand ?
– Écoute, si les hommes ne descendent pas dans la plaine, c’est qu’ils ont peur des représailles, après ce qui c’est passé dans la Wilaya 2. 
– Je vais aller parler au conseil du village. Attends-moi là.
– D’accord, mais fais vite, je dois impérativement être en bas au plus tard à midi, sinon, je n’ose même pas imaginer ce qui pourrait arriver.
– Hanna, sers le thé à mon ami Blaise. Je reviens de suite.
Je parle un peu avec Hanna, l’épouse de Fadi, mais elle comprend très peu le français, la conversation est laborieuse et je me sens un peu gêné de rester seul avec elle. Heureusement, Fadi ne tarde pas à revenir, il est rouge et essoufflé.
– Voilà… Nous sommes prêts à reprendre le travail demain… sous certaines conditions :
1° Pas de déduction de salaire.
2° Personne ne doit porter d’arme à feu sur le domaine.
3° Le solde de la paye des vendanges devra être payé samedi à 16 heures, quoiqu’il advienne. Je descends avec toi pour la réponse — allons-y de suite. 
– Fadi, je ne sais pas si c’est bien prudent, ils sont assez remontés là en bas.
– Je les connais, ils ne bougeront pas. Ils veulent d’abord sauver la récolte, et pour ça ils ont besoin de nous. Et n’oublie pas nous sommes plus de mille travailleurs, avec les douars alentour… – est-ce une menace voilée ?
Nous nous levons et sortons, au passage il parle avec les hommes de garde, puis nous entreprenons ensemble la descente en direction de la plaine.
Il est presque midi lorsque nous arrivons en bas du sentier, la voiture est là avec Tobias au volant. 
– Attends, je dois aller lui parler. 
– Salut, merci d’être là à l’heure. Fadi va nous accompagner, mais l’ambiance est tendue là haut. Pour ne pas l’aggraver, je te demande de cacher ton pistolet, mets-le sous le siège.
– Fadi, c’est bon, montons à l’arrière.
– Roule Tobias, amène-nous chez ton patron.
Lorsque nous arrivons, il est midi et quart. Nous pénétrons dans le grand salon. Ils sont tous là, à discuter et à boire l’anisette avec Alois de Saint Léon. 
Je me sens étranger à cette bande, je reste debout avec Fadi à mes côtés.
– Bonjour. Je viens vous faire part des revendications du conseil des hommes d’Aïn Bouzane.
J’énonce les 3 points exigés, préalable à la reprise du travail dans les vignes.
– Fadi, mon aide-caviste est là avec moi pour entendre et rapporter votre réponse au conseil d’Aïn Bouzane.
Ça discute un moment pour la forme, Césario la ramène, il ne veut pas se séparer de sa carabine, Aloïs essaie de marchander la paye des jours chômés, mais finalement, l’accord formel sur les 3 points est obtenu.  
– Tu as entendu, Fadi, c’est d’accord, tu peux retourner faire part du résultat de leurs exigences, au conseil de ton village. Tout le monde doit revenir travailler demain à 6 heures du matin.
Je demande encore, si Tobias peut raccompagner Fadi avec la voiture sur le chemin d’Aïn Bouzane. — c’est la moindre des choses -. Aloïs fait la gueule, mais accepte, ça doit être la première fois qu’un de ses ouvriers arabes s’installe sur les sièges en velours gris perle de sa belle traction 15cv large.
Fadi et Tobias partis, je m’apprête à sortir également, je n’ai pas envie d’écouter les rhétoriques racistes qui vont suivre. Mais avant, j’ai envie de leur foutre un peu les jetons.
– Attention, ne faites rien qui pourrait rallumer les tensions. N’oubliez pas quand même, qu’ils sont des milliers là-haut, et nous, nous sommes que 6… !
Sur cette dernière déclaration, je sors, assez content de mon effet.
Le lendemain, la sirène mugit à 5 heures, les 1000 ouvriers reprirent les vendanges au grand soulagement du patron Alois de Saint Léon.
Césario, sans arme, sans son nerf de bœuf était devenu presque supportable. 
Tobias, méfiant, sa pince à poinçonner attachée par une chaîne à sa ceinture, passe de groupe en groupe, tout en conservant une distance de sécurité.
Tous les Européens du domaine, ont reçu la consigne stricte, d’avoir un comportement respectueux avec les Arabes travaillant sur le domaine.
Les conflits seront dorénavant examinés par un comité de conciliation, composé du patron, de Saint Léon — Hubert — Le Wenk — et de Mouïa comme représentant des ouvriers indigènes.
Le changement est tellement radical, que s’en est presque ridicule.
Bien entendu, il n’y a rien de social dans ces mesures, seule la peur qui s’est instillée dans tous les esprits depuis les massacres du Constantinois motive ces nouveaux comportements.
Je reprends mes analyses œnologiques au labo. Fadi, et le maître de chai venu spécialement du Bordelais, remplissent les dernières cuves avec la nouvelle récolte.
Mi-septembre les 20 cuves sont pleines, les vendanges 1955 sont encavées.
Les surnuméraires ont reçu leurs salaires, et sont repartis chercher de l’embauche ailleurs, seul restent pour l’entretien des vignes environ 300 travailleurs, occupés à la taille et au nettoyage des vignes.











J’en profite pour demander au patron, quelques jours de vacances que je passe avec Marie dans un petit hôtel à Sidi-Ferruch. Chaque matin, départ pour la célèbre plage de sable fin, qui a vu bien des débarquements belliqueux. C’est ici qu’ont eu lieu le débarquement en 1830 et le début de la conquête de l’Algérie par les troupes françaises ainsi que le débarquement allié le 8 novembre 1942.











Pour le moment, c’est calme, il y a peu de monde, une cinquantaine d’Européens se sont installés avec leurs enfants sous des parasols-tentes. Avec Marie nous nous installons en bordure de la forêt de pins qui borde la plage. À midi, pique-nique, sorti d’un panier que nous a préparé l’hôtelier : poulet rôti, salade de haricots et tomates fraîches, pain, fromage — le tout accompagné d’une bonne bouteille de vin de Mascara que j’apprécie tout particulièrement. Après ces agapes ! une petite sieste à l’ombre des pins s’impose, puis retour à notre chambre d’hôtel où il fait plus frais. 
Nous passons ainsi une semaine de détente idyllique, en dehors du temps, sans journaux et sans radio. Oublier les attentats meurtriers, les tueries, les tremblements de terre. Terminées les longues séparations, les angoisses du lendemain. Nous sommes seulement un couple d’amoureux qui se regarde dans les yeux et qui n’y voit que le bleu du ciel et de la mer.
7 jours, c’est court, il faut, hélas, songer à quitter ce petit paradis. Samedi matin nous prenons un taxi pour Alger, direction l’hôtel Marta où nous avons nos habitudes. Nous y restons jusqu’au dimanche soir, puis c’est à nouveau la séparation, Marie reprend le tram pour Kouba et moi le train pour Affreville.
J’emporte avec moi une grosse valise, qui contient les médicaments pour Fadi, qui sont arrivés par la poste à l’adresse de l’hôtel Marta. Il y a aussi un plus petit colis expédié par ma mère avec des boîtes de Nescafé et le drapeau suisse que je lui ai demandé.












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