samedi 20 mai 2017

CHAP. N° 15 – LA DERNIÈRE DONNE.



La vie est une course par étape, perdre ou gagner une des étapes n’est pas grave, la seule chose qui compte c’est de franchir debout la ligne d’arrivée de la dernière étape.




             
  Voilà où j’en suis – juste pour vous faire une idée – j’ai commencé à égrener les souvenirs d’une vie, débutée le 31 décembre 1933 à minuit ou le 1er janvier 1934 à 1 heure du matin (ben oui… dans le feu de l’action, ma mère ne s’est plus rappelé l’heure exacte !). Ce qui fait 1000 mois, à peu de chose près. 
Je vous avais avertis, avant de partir pour le grand voyage, j’ai vidé mes valises.. et au moment où j’écris ces dernières lignes nous sommes en mai 2017 et j’ai 84 ans.
Nous voilà retraités depuis une vingtaine d’années, quelle aubaine ! et dire que certains n’y arriveront jamais, et que d’autres voient arriver cette échéance avec angoisse.  
Reste maintenant le plus important pour nous, négocier la dernière étape de la vie, non pas celle après, mais avant la mort.
J’ai appris par mon maître que pour préserver ses neurones d’une détérioration programmée, il faut, dès la retraite, et c’est indispensable, chaque jour, créer du nouveau, pas du réchauffé, non, du nouveau neuf.
Dessiner, peindre, écrire, apprendre une ou des langues étrangères, s’engager dans des études complexes et exigeantes. À chaque instant des milliers de neurones, meurent… en créant… des milliers naissent.
Avec Cléo, (Florence) dès notre installation dans notre nouveau logement que nous avons voulu modeste et simple, nous avons acheté deux ordinateurs « Pomme croquée» et débuté l’apprentissage ardu de l’informatique.
Suivant cette piste captivante, nous nous lançons alors, dans la création de sites web, de blogs et par la suite de plusieurs pages Facebook. 
En parallèle, nous écrivons, imprimons et publions sur papier de nombreux ouvrages consacrés à la philosophie extrême-orientale, aux médecines traditionnelles, ainsi que quelques romans destinés à s’aérer les méninges.
Dans les années 2010, qui voient l’avènement des livres numériques au format iBook et ePub qui font l’économie du papier et du transport, nous nous approprions cette technique pour l’ensemble de nos écrits.



ÉPILOGUE

LE PAYS DES VIEUX




            Aujourd’hui je vous écris d’un pays que je ne pensais pas visiter un jour : le pays des vieux. C’est arrivé comme ça il y a quelques années. Mais à cette époque, je vivais avec l’illusion que je n’étais que de passage dans cette étrange contrée. Que j’allais retourner bien vite dans le pays où tout le monde travaille…

—Où je suis QUELQU’UN… 
— Où le téléphone sonne… 
—Où mon portable sert à autre chose qu’à appeler les secours routiers parce que j’ai oublié d’éteindre mes phares ou plus grave le Cardiomobile… 
– Alloooo… allooo, je ressens une forte douleur dans la poitrine.
– Ne bougez pas, je vous envoie une équipe de secours !
– Allôooo… monsieur, vous êtes encore là… ça va ?

Bref, vous avez déjà vécu ça, non… vous inquiétez pas ça viendra.
Il y a une chose que je ne savais pas : une fois qu’on entre dans ce pays, on n’en revient JAMAIS. : on n’est pas beau à voir, pas gratifiant à fréquenter. Parfois on rencontre des gens de l’AUTRE pays, mais ils n’ont pas l’air de vous remarquer, comme si vous étiez devenu invisible. Le plus souvent on se sent en trop dans l’AUTRE pays. Alors on reste chez soi : dehors ça craint pour ceux qui habitent le pays dont on ne revient jamais.

Il y a 30 ans à peu près, j’avais vu un film basé sur un roman de Barjavel : ça s’appelait « SOLEIL VERT ». On aurait pu l’intituler « comment se débarrasser des vieux ». Les vieux donc étaient invités lorsqu’ils se sentaient un peu branlants sur leurs jambes, lorsque la vie ne leur apportait plus rien d’intéressant comme… tomber amoureux, partir aux quatre coins du monde, passer une nuit blanche, danser jusqu’au petit matin, courir après l’autobus. Donc quand ils sentaient qu’ils ne pouvaient plus faire toutes ces choses qui rendent la vie si intéressante, on les priait gentiment, mais fermement à se rendre dans un lieu magnifique où pendant une heure ou deux ils pouvaient faire tout ce qui leur passait par la tête avant de recevoir la potion magique, celle qui vous envoyait non pas dans un autre pays, mais dans un autre monde, meilleur enfin c’est ce qu’ils disaient, parce que personne n’en était jamais revenu pour nous dire s’il était meilleur ou pas. Ainsi délestés de ses vieux, le gouvernement brûlait les cadavres, en faisait de la poudre, recyclée en petites pilules vertes : des concentrés de protéines miracles, vendus à toute la population des jeunes… pour le moment.  

Personne n’osera jamais faire ça... Et pourtant, quelle aubaine pour beaucoup : transformer des vieux inutiles et coûteux en pilules qui rapportent de l’argent. La société cotée en bourse qui vendrait ces pilules verrait sûrement le cours de son action grimper. Les fonds de pension seraient contents. Ce film est sorti en... 1973... C’est dire s’il y a préméditation dans l’élimination des vieux. C’est vrai que depuis il y a eu la canicule de 2003 —  50.000 vieux dans toute l’Europe, d’un seul coup, ça fait une coupe… et du vide !

Mais à part ça, tout va bien, c’est juste qu’on se sent vaguement mal à l’aise lorsqu’on vous rebat les oreilles avec les frais engendrés par les vieux, surtout les surcoûts de la santé, en insistant bien que ces coûts sont payés par des jeunes en pleine forme, qui eux ne coûtent rien à personne c’est bien connu, même qu’ils rapportent parfois de l’argent. Tous les accidents de la route sont provoqués par des vieux, incapables de faire la différence entre un lapin et un cycliste, des vieux qui vous chopent une crise cardiaque sur les giratoires; qu’on leur retire leur voiture et leur permis et qu’ils restent chez eux tant qu’ils le peuvent, après on verra comment s’en débarrasser en douceur.

Bon je ne veux pas trop me plaindre, j’habite un joli appartement en pleine campagne, je conduis encore ma voiture et une fois par semaine je peux aller faire les courses au supermarché à 20 km de là. J’y vais avant 11 heures. Du reste je vais partout avant 11 heures. Après… rues, parkings et magasins sont pleins de monde, et ça pour un vieux c’est pas le pied.

Donc à 11 heures je rentre chez moi et en principe je n’en sors plus. Juste l’après-midi 1 heure de jogging dans le bois, derrière chez moi, avec mon chien, pour qu’il reste en forme… et moi également.

Parfois mon iPhone 6S sonne et une voix doucereuse me susurre à l’oreille que je vivrais bien mieux avec un abonnement à un journal, avec des compléments alimentaires ou avec je ne sais quoi dont je n’ai strictement rien à foutre. Après m’être péniblement défait de mon interlocuteur, je peux retourner à mes occupations favorites : l’ordinateur le jour et la télévision le soir. La nuit je dors.

Les jours, les mois, les ans s’écoulent dans une quiétude sans inquiétude. Déjà 20 ans, que… retiré des affaires, comme l’ami Cabrel, je regarde ce monde, s’agiter, s’épuiser, s’abîmer et… sincèrement, c’est la seule chose qui me rend triste.

Voilà ou j’en suis — juste pour vous faire une idée — au moment ou j’égrène les souvenirs d’une vie, débutée le 1er janvier 1934, il y a 1000 mois, à peu de chose près. Pardonnez-moi si ces souvenirs qui date de 84 ans sont parfois flous, pas dans l’ordre chronologique, un peu romancé, mais quand même toujours exact dans les faits. —


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Gérard Wenker - 2018




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vendredi 19 mai 2017

CHAP. N°14 — SOLEIL NOIR



« Il n'y pas de religion supérieure à la vérité ».






        De retour à Genève dans un très mauvais état. Cléo, pas très rassurée, m’accompagne directement aux H.U.G. pour des contrôles. (Hôpitaux Universitaires Genevois)

La fiche du médecin de l’hôpital de New-Orleans, qui m’a sauvé la vie, et dont je découvre le nom – Dr Fabricio Dal Re – accélère ma prise en charge. (ne pas oublier de lui faire un cadeau)
Je suis à nouveau hospitalisé. 
3 jours d’analyses et de contrôles en tous genres, tests d’effort, monitoring de nuit, perfusion. Bref, je passe à la moulinette anatomique de mon corps.
Résultat : Une coronaire obstruée à 80 %, pas de dégâts sur le muscle cardiaque, et un problème d’hémogliase sanguin (sang trop épais) qui est certainement à l’origine de mon infarctus.
Conseil : Opération pour un pontage coronarien. Une ordonnance avec toute la panoplie des médicaments anti… anti…
Réponse : Pas question. Je suis anti-médecine allopathique. Messieurs les médecins, je vous salue. Merci pour le diagnostic.
Je vais mettre en œuvre toutes mes connaissances apprises à Boston avec le professeur Koshi.
Régime strict – Activité physique – Massages spéciaux – Aucun stress – Environnement sain – Rééducation en piscine et bain chaud/froid en jacuzzi thermal.
Avec Cléo, nous louons un studio à Loèche les Bains qui offre un large éventail de prestations de remise en forme dans son centre Wellness.
Nous allons y rester 3 mois pour me remettre d’aplomb. 
Un matin d’avril où je me relaxe sur une chaise longue en lisant le journal après une séance de jacuzzi, je tombe en première page sur la photo d’une voiture totalement broyée encastrée sous l’avant d’un camion. Le titre attire mon attention.

Titre de l’article : 
Un jeune homme se jette contre un camion.




« À Genève, Cédric W….. un étudiant de 19 ans c’est tué hier matin dans la campagne genevoise au volant de sa voiture, sa sœur Céline âgée de 12 ans qui était assise à côté de lui est grièvement blessée » 

Je ne réalise pas immédiatement la tragédie qui s’est passée. Je relis l’article plusieurs fois pour m’en convaincre, je me lève brusquement pour rejoindre notre studio qui se situe dans l’immeuble d’en face, à ce moment victime d’un choc vagal, je m’affaisse sur le sol, deux employés du centre accourent et me prodiguent les premiers soins. Lorsque je reviens à moi, la main crispée sur le journal contenant l’article incriminé à l’origine de mon malaise.
Je l’agite fébrilement sous le nez des secouristes…
– Vous voyez, là, c’est mon fils et ma fille qui se trouvaient dans cet amas de ferraille. S.v.p., accompagnez-moi à mon domicile, juste en face, j’ai les médicaments adéquats pour mon cas et ma compagne s’y trouve. 
Tout en me soutenant, ils me font traverser la rue, arrivé devant l’entrée de l’immeuble, j’appuie sur l’interphone du studio 110, - Cléo répond…
– Oui, c’est à quel sujet ?
– Chérie, c’est moi, j’ai eu un petit malaise, ouvre et descends m’aider.
– Un moment, je m’habille et j’arrive.
– Bonjour, messieurs… merci, ça va aller maintenant, je m’en occupe.
– Mais enfin, Blaise, que t’est-il arrivé ?
– Je vais t’expliquer, tiens regarde et lis… t’as compris ! ce sont mes deux enfants.
– Non… quelle horreur, pas ça ! et Martina qui ta même pas averti, c’est vraiment… dégueulasse !
– Je vais à Genève pour comprendre ce qui s’est passé et pour l’enterrement, reste ici, tu n’es pas concernée et je ne veux pas te mêler a toutes ces infamies. Va à la pharmacie m’acheter du Prozac, j’en aurais besoin pour tenir le coup.

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Je me suis rendu incognito à la cérémonie d’enterrement en l’église d’Avusy. Cédric a été enseveli dans le cimetière attenant. Grâce à mes relations, j’ai réussi à consulter la déposition du chauffeur du camion et à obtenir un double du rapport de police qui conclut à une perte de contrôle pour raison inconnue.
Je n’en saurais jamais plus. Il faudra plus d’un an à Céline pour être à nouveau sur pied. Je ne la rencontrerai que des années plus tard, après que Martina lui ait dévoilé la vérité sur sa naissance, qu’elle ignorait jusque-là.
Nous serons réunis pour la première fois, Martina, Cléo, Céline et moi à l’occasion de son mariage. Devant ces terribles drames, la hache de guerre semble avoir été enterrée définitivement, mais reste les blessures de l’âme qui ne se refermeront jamais, pour aucun des protagonistes.

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Cette page douloureuse refermée, toujours sous Prozac, puis avec des capsules de Millepertuis moins toxiques, je retourne à Loèche poursuivre ma convalescence interrompue. Avec le soutien de Cléo, je remonte doucement la pente.
Pour faire passer le temps, nous participons régulièrement à des événements culturels, concerts, expositions de la fondation Gianadda à Martigny. C’est à l’occasion d’une conférence à laquelle nous assistons, qui traite de l’enseignement d’Helena Blavatsky, fondatrice de la société théosophique, que nous faisons connaissance d’un certain Laurent Jaubert. 
Instruit, beau parleur, adepte des médecines parallèles, nous ne tardons pas à tomber sous son charme.
Il nous invite à venir à une réunion dans le chalet qu’il possède à Villars.
Moi qui suis athée, mais tout de même en recherche de rédemption, j’adhère sans retenue à l’enthousiasme de Jaubert pour une spiritualité ésotérique laïque.
Lors de cette réunion, qui sera suivie de bien d’autres, nous avons l’occasion de rencontrer des personnes influentes dans le monde du sport, de la musique, et même des politiciens français, belges et suisses.
Peu à peu, presque inconsciemment, Cléo et moi, mais également un groupe important d’hommes et de femmes, sommes embrigadés dans ce que Jaubert et son associé monsieur Dumoulin nomment : L’Ordre initiatique de Sélénius.

Les objectifs affichés du groupe sont :
Reconnaître et rassembler une élite spirituelle afin de la préparer, par l’étude des Hautes Sciences, à participer à des travaux en vue de perpétuer la Conscience UNE et la VIE dans le temps et l’espace.
Prendre une part prépondérante et active à l’édification des Centres de Vie.
Former à travers le monde une chaîne de fraternité, au service des forces unifiées, constituée par l’Ordre Sélénius.

Il faut admettre que cela ouvre des perspectives exaltantes.
Les exposés et les discussions qui suivent sont fructueux, de nombreux sujets sont abordés, comme l’alimentation végétarienne et macrobiotique, la phytothérapie, l’iridologie, les médecines douces et, moins classique – le transit des âmes vers d’autres planètes.
Ces trois mois m’ont remis sur pied, je me sens à nouveau en pleine forme physique, et la fréquentation du groupe Sélénius de Jaubert m’a ouvert à une spiritualité mystique inconnue, qui, je dois l’admettre, m’a apporté une certaine sérénité.

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Nous quittons Loèche et retrouvons le studio de Cléo à Carouge, qu’elle a heureusement conservé durant tout ce temps.
La question du moment est… et maintenant ?
D’un commun accord, nous décidons de nous marier, bien qu’à nous deux nous comptons déjà 5 mariages, ce 6ème semble une évidence, tant il y a d’affinités entre Cléo et moi. Le mariage a lieu en toute discrétion, uniquement avec quelques amis proches, que nous invitons à partager un bon repas dans le prestigieux restaurant du parc des Eaux-Vives de Genève.
Le temps est magnifique, le parc resplendit d’une explosion de couleurs dans la roseraie aux 10.000 roses. C’est de bon augure pour la suite.
            




Le temps nous a donné raison, puisqu’à l’heure où j’écris ces lignes, cela fait 35 ans que Cléo et moi avançons dans la vie, main dans la main, malgré tous les pièges rencontrés.
Et l’un des plus dangereux a été l’Ordre de Sélénius, dont nous continuons à fréquenter l’un des centres, situé dans le château de Bardonnex  à Genève.
Les réunions qui étaient informelles sont devenues plus protocolaires, les conférenciers revêtent une toge écarlate, brodée de soleils et d’étoiles d’or, et développent leur argumentation derrière une chaire ornée d’un énorme soleil en métal doré.
Insidieusement, le doute sur leur sincérité s’insinue en moi. Plusieurs raisons à cela, une fois, par hasard, j’ai surpris le triumvirat de direction, accompagné par des femmes du groupe, festoyer dans une auberge renommée de la place.
Peu de temps après cet évènement, nous recevons une convocation péremptoire à nous rendre à la Ferme des Roches à Chairyse, dans le canton de Fribourg, pour assister à une réunion importante à l’occasion de l’inauguration d’un nouveau Centre de Vie aménagé spécialement pour favoriser le développement d’une conscience unifiée dans l’espace.
Je décide de m’y rendre seul, mon « double » se manifeste clairement pour la première fois, et me dit – fais gaffe –.
Bien qu’un plan accompagne la convocation, le village et la ferme en question sont dans une région isolée, en dehors des grandes voies de communication. Je mets pas mal de temps pour m’y rendre (en ces temps-là, il n’y avait pas de GPS). 
Après avoir plusieurs fois demandé mon chemin, j’aperçois enfin les bâtiments de la ferme des Roches à l’orée de la forêt. Située dans un pâturage où paît un troupeau de vaches noires et blanches. Dans la cour aménagée en parking, une vingtaine de voitures immatriculées en Suisse, en Belgique et en France.
Une légère collation est servie dans la salle à manger, à la suite de quoi, il est demandé aux 30 personnes présentes de descendre au sous-sol.
Surprise, nous découvrons une immense salle aux murs recouverts de tentures en velours pourpre, parsemées d’étoiles brodées au fil d’or. Au centre un hôtel en marbre de Carrare, sur lequel est déposée une épée rutilante, à la poignée d’argent incrustée de pierres précieuses de couleurs, qui scintille de mille feux.
Monsieur Joubert nous fait mettre en cercle autour de l’hôtel de marbre. C’est alors qu’un personnage inconnu de moi apparait revêtu du costume des grands prêtres de l’Ordre.
Sa tête est recouverte d’une cagoule blanche, il s’avance lentement et s’arrête immobile au centre de la pièce.
Joubert s’adresse à l’assemblée, et nous dit ceci :
– Vous êtes là parce que vous avez été remarqués par notre Grand-Maître, Monsieur Dimagro, ici présent, comme des participants à nos réunions, assidus et ouverts. 
Nous allons procéder ensemble à une cérémonie d’initiation. Après cette célébration, vous ferez partie du premier cercle des élus, qui en compte trois. Vous aurez alors l’obligation de tenir secret tout ce qui se passe à l’intérieur du Temple.
Une dernière chose, si quelqu’un désire sortir du cercle, qu’il le fasse maintenant, il ne lui en sera pas tenu rigueur.
Je suis tenté de fuir, mais la curiosité l’emporte, je suis sur mes gardes, conscient qu’un danger potentiel nous guette.
Une personne fait un pas en arrière, et se dirige presque en courant en direction de l’escalier, qu’elle grimpe quatre à quatre, la porte du rez, claque, un silence pesant s’installe.
Brusquement, les lumières s’éteignent, l’hôtel de marbre s’illumine de l’intérieur et éclaire la pièce d’une manière diffuse.
Le Grand-Maître se saisit de l’épée à deux mains et appelle par son nom l’un d’entre nous.
Untel s’approche, l’air légèrement inquiet...
– Mets un genou à terre – lui ordonne le Maître –. Il lève alors l’épée qui, à cet instant, s’irradie d’un étrange halo bleu, et la pose sur l’épaule gauche de l’élu en prononçant des paroles que j’ai de la peine à comprendre, on me dira plus tard, que c’est de l’Espéranto. (Du bluff quoi !)
– Tu es accepté dans la Constellation de Sélénius.
À mon tour. Lorsque le plat de l’épée touche mon épaule, je ressens une douce chaleur. – Suivant... ainsi de suite, nous passons tous sous l’épée flamboyante de Maître Dimagro.
Le rituel terminé, Dimagro repose l’épée sur la table de marbre. Il vient à son tour s’insérer dans le cercle. Les lumières de la salle se rallument. Joubert nous demande de fermer le cercle en se prenant par la main... et de fermer les yeux – vous sentez cette nouvelle énergie vous envahir – cette agréable chaleur qui remonte depuis vos bras jusqu’à votre cerveau ?
Tous acquiescent.
En effet je ressens des picotements dans mes mains et dans mes deux bras. Mais méfiant, je n’ai pas fermé les yeux, j’observe les moindres mouvements de nos deux compères.
– Merci, vous pouvez ouvrir vos yeux et lâcher les mains de vos voisins.
Eurêka... je viens de comprendre la supercherie, j’ai juste le temps de voir Dimagro ouvrir la main qui tenait celle de Joubert et la porter rapidement à sa poche, pour y glisser un objet.
Celle-là, je la connais, je m’amusais déjà à l’école à piéger mes camarades en leur tendant la main, l’autre restant dans la poche de ma veste où se trouvait une petite batterie de lampe de poche, dont je serrais les pôles métalliques.
Dans un cercle fermé, le courant électrique va parcourir et traverser chacun des participants, qui en ressentiront les effets instantanément.
J’ai compris que toute cette mise en scène n’est qu’un simulacre destiné à nous impressionner. L’épée doit posséder une cavité dans le manche pour y placer plusieurs piles électriques.
Mais dans quel but ? Enrichissement – Escroquerie – Pouvoir – ?
En tant que nouveaux élus, nous devons verser la dime à l’Ordre. 10 % de ton revenu, ça fait quand même pas mal de fric, mais il doit y avoir autre chose. Je dois le découvrir, tout en restant très prudent, ces personnages sont dangereux, particulièrement Dimagro, son aura est sombre, et il émet des vibrations maléfiques.
Oui... oui..., moi aussi j’ai des pouvoirs chamaniques !
C’est terminé, nous remontons tous à la surface, je remarque que Dumoulin, le troisième acolyte qui reste le plus souvent très discret, ferme soigneusement la porte à clé derrière nous. 
Nous échangeons encore quelques instants autour d’un verre de jus de tomate, puis chacun regagne sa voiture, démarre et rentre chez lui. 
Sur la route du retour, je réfléchis, tout ça me laisse perplexe, mais mon étoile à moi, me dit… attention danger.
De retour à Genève, j’expose la situation à Cléo, qui n’a d’ailleurs jamais été très chaude pour s’intégrer au groupe Sélénius.
Nous décidons d’un commun accord de prendre nos distances avec l’Ordre, en toute discrétion, sans faire de vague.
Nous ne participons pas à la réunion suivante qui a eu lieu au chalet de Jaubert à Villars. Prétextant des problèmes de santé dus à ma maladie cardiaque, nous avisons le secrétariat d’une absence de plusieurs mois pour cause de convalescence. 
Afin de ne pas éveiller les soupçons, nous versons régulièrement notre dime mensuelle.
Quant à notre avenir, notre décision est prise, nous allons ouvrir une pension-clinique spécialisée dans l’alimentation diététique macrobiotique, et favorisant les médecines parallèles pour les soins. Dans quelle région s’installer est la grande question. 
En premier lieu, il est nécessaire de définir quelques critères prérequis, dans le choix d’une zone propice à notre implantation.

Par exemple :
1° Un pays ou une région permissive en ce qui concerne les soins et traitements médicaux. Certains pays sont très restrictifs à ce sujet.
2° Un pays à faibles coûts, avec une fiscalité raisonnable.
3° Un gouvernement stable non corrompu.
4° Un environnement non pollué et une nature encore protégée.
5° Un accès commode avec les moyens de transport conventionnels.
6° Un ravitaillement aisé en produits alimentaires biologiques.             
Suggestions alternatives qui nous viennent a l’esprit :
Îles du Cap-Vert – Sardaigne – Crète – Haute-Provence – Tyrol – Bavière – Andorre – San Marino, etc.
Après bien des recherches, offices du tourisme, agences de voyages, visites sur place, etc. une connaissance de Cléo et ami de son père, qui travaille à la banque « P & T » nous signale une région au statut hors du commun – Campione Italia – une enclave italienne sur territoire Suisse, où notre banque possède une antenne discrète, ce qui favorisera nos transactions.
– Allez sur place, quelques jours, vous verrez, l’emplacement est non seulement paradisiaque, mais c’est également un paradis fiscal. Ce qui devrait vous convenir, je suppose...! Hummm....


Le charme de la Suisse romande, allié aux délices de la défiscalisation. C’est ce qui fait le succès grandissant de Campione, une ville italienne enclavée en territoire helvète. Le statut fiscal de Campione est encore plus avantageux pour les particuliers que la Suisse. À condition de ne pas être de nationalité italienne, et de ne pas tirer ses revenus d’activité en Italie, on n’y paie aucun impôt. Il y a une seule obligation : disposer d’une véritable adresse sur place.
Allons voir ça sur place, rapidement, je suis impatient.
Pour nous éviter un long trajet en voiture, nous optons pour le train jusqu’à Lugano, environ 5 heures tranquilles à regarder les magnifiques paysages suisses défiler devant nos yeux. À l’arrivée, un taxi nous dépose à Campione, 12 km plus loin en longeant les rives du lac de Lugano.
Campione, un si joli village italien perdu dans les terres suisses, est un havre pour les grandes fortunes. S’il n’y avait pas l’inscription « Campione d’Italia » sur l’arche en pierres marquant l’entrée, le visiteur ignorerait qu’il quitte le territoire suisse. 
Coincée entre le lac de Lugano et la montagne, Campione est une anomalie, une minuscule enclave italienne de 2 kilomètres sur 1 km à l’intérieur de la Confédération helvétique. Il n’y a pas de douane, les 3 000 campionais utilisent le franc suisse, et même les policiers italiens circulent dans des automobiles immatriculées en Suisse.



 Actuellement, l’énorme casino, construit en 2005 par Mario Botta, domine et écrase la minuscule bourgade. Lors de notre installation il y avait déjà un casino, mais beaucoup plus modeste, et qui s’intégrait harmonieusement dans le paysage.  

Histoire de Campione.

« En 777, le seigneur local, Totone di Campione, fait légataire universel de ses biens et terres l’archevêque de Milan, qui les confie à l’abbaye Saint-Ambroise, située dans la capitale lombarde. La commune est alors détachée de ses voisines, qui tombèrent dans le giron de l’évêque de Côme. Puis, en 1521, le pape Jules II donne le Tessin à la Confédération suisse, qui avait été son alliée pendant la Sainte Ligue. Néanmoins, les moines de Saint Ambroise font reconnaître en justice leur souveraineté sur Campione qui, à cette époque, s’étend des deux côtés du lac, créant ainsi un régime d’exception qui va s’étaler sur plusieurs siècles.
Durant la République cisalpine, qui abolit définitivement le statut féodal, le Tessin propose d’échanger Campione contre une autre commune, Indemini, mais cette initiative reste sans suite, et un référendum manifeste l’opposition des habitants au rattachement à la Confédération. Le congrès de Vienne de 1815 maintient ce statut exceptionnel, mais, à la suite des troubles en Italie, les habitants finissent eux-mêmes en 1848 par demander leur rattachement, appuyés en cela par le gouvernement tessinois. Le Conseil fédéral, cependant, refuse la proposition, dans un souci de maintenir sa stricte neutralité. Une fois le Royaume d’Italie constitué, les deux gouvernements fixent alors la frontière définitive, dans la Convention entre la Suisse et l’Italie, concernant la délimitation de la frontière entre la Lombardie et le canton du Tessin sur certains points litigieux.
 La commune perd au passage la propriété de la côte Saint-Martin, située sur la rive opposée, qui gênait la navigation sur le lac en le divisant en trois parties juridiquement distinctes (une suisse, une italienne et de nouveau une suisse).
Le terme « d’Italia » est rajouté au nom de la commune en 1933, sous le régime de Mussolini.
Pendant la Seconde Guerre Mondiale, le 8 septembre 1943, la ville rallie le Service du gouvernement royal contre la République sociale italienne (ou « République de Salò ») protégée par les armées de l’Allemagne nazie.
Cet épisode va provoquer l’isolement de la ville et le renforcement de ses liens avec la Suisse. »

         Dés notre arrivée, nous prenons contact avec le directeur de l’agence « P & T », pour transférer une partie de nos fonds – le mien et celui de Cléo – sur un compte commun ici à Campione.
Il ne nous reste plus, pour concrétiser nos rêves, qu’à trouver l’emplacement et le bâtiment qui répondra à notre projet.
Dans l’attente de trouver la perle rare, ce qui risque de prendre du temps, nous louons un studio vacances pour un mois, ce qui nous permet d’être sur place pour nos investigations.
En dehors de la route du littoral qui longe le lac, Campione ne dispose que d’une seule et unique route qui s’élève en zigzag à travers les forêts de châtaigniers au-dessus de la ville, la « Via Posero ». C’est le long de cette route que nous concentrons nos recherches, si possible dans les hauteurs.
Sur un territoire si restreint, offrant autant d’avantages à ses résidents, les places sont rares donc chères.
Je me rends rapidement compte que, pour avoir une chance de découvrir l’objet de nos désirs, il faut que nous nous intégrions le plus possible la population indigène. 
Chaque matin nous prenons nos habitudes.  
En premier lieu, repérer les établissements publics, cafés, restaurants, boulangeries, etc. fréquentés par des locaux.
Vers 10 heures, prendre un ristretto et un verre d’eau (on est en Italie… quand même) dans un de ces petits bistrots, et tenter de lier conversation, cela s’avère quand même assez difficile, vu notre manque de pratique du dialecte régional.
Pour le repas de midi, nous avons repéré un Il Grotto, restaurant traditionnel, dans une ancienne rue étroite qui donne sur le port, on y sert encore de la polenta avec une brochette de petits oiseaux, bien que cela soit interdit.
Le patron Alberto et la patronne Claudia sont natifs de Campione, parlent parfaitement le français et l’anglais, après avoir travaillé plusieurs saisons dans des palaces suisses. Ce sont de vraies encyclopédies sur tout ce qui concerne leur ville et ses habitants.
Je sens qu’il faut creuser cette opportunité. Après quelques jours de « molto onorate - si signore et buono appetito ». Nous les invitons à boire un pichet de rouge pour les mettre au courant de l’objet de nos recherches.
– Si vous prenez connaissance, si vous entendez parler d’une possibilité, même vague qui correspondrait à nos désirs, avertissez-nous immédiatement. Nous vous en serons très reconnaissants...!
15 jours se passent, malgré toutes nos recherches, toujours rien en vue, nous commençons à désespérer, lorsque un dimanche, à peine arrivés à Il Grotto, le patron vient s’asseoir à notre table, en prenant un air mystérieux. Il se penche vers nous, et à voix basse nous informe avoir entendu dire que la propriétaire âgée d’un hôtel veut vendre pour cause de maladie.
– Tenez l’adresse, c’est justement tout en haut de la Via Posero : Hôtel de la Colline del Oro, propriété de Madame Anna Borodimi.
Je connais bien cette femme, je lui ai parlé de vous, allez la trouver, rapidement, avant qu’elle ne le mette en vente dans une agence.
Le repas avalé en vitesse, impatients, nous prenons le petit bus qui parcourt les 5 km de la Via Posero, son terminus se trouve justement devant l’hôtel.
De style Bauhaus 1930. La façade peinte en jaune aurait besoin d’un sérieux ravalement.
Nous entrons, pas de portier à la réception, seul un écriteau renseigne le visiteur – voulez sonner svp et attendre…
Je sonne, rien... je re-sonne… après 5 minutes une vielle dame, habillée comme une comtesse du début du siècle, arrive à petits pas agitant de la main gauche un éventail à la vitesse des pales d’un ventilateur et se cramponnant à une canne de la main droite.
Elle semble essoufflée et affale ses 130 kg dans un des fauteuils de la réception.
– Benvenuti signora e sinior. Che cosa vuoi.
– Bonjour Madame Borodimi, nous venons de la part du Signor Alberto de Il Grotto.
Permettez que je me présente – Blaise Le Wenk et voici ma femme Cléo.
– Ah, oui, je vois, il m’a parlé de vous. (en parfait français dans le texte)
– Bonjour, asseyez-vous, je vous prie. Paraît que vous seriez intéressés pour acheter mon hôtel ?
– C’est exact, je me suis laissé dire que vous désirez le vendre.
– À contrecœur, à contrecœur...! mais comme vous le constatez, je me fais vieille, et la gestion d’une telle entreprise nécessite une énergie que je n’ai plus.
Mon défunt mari est parti il y a 5 ans, c’est lui qui avait fait construire cet établissement en 1934. À l’époque, c’était le plus moderne de la région, hélas actuellement, c’est le plus ancien, il est comme moi, un peu délabré.
L’hôtel comprend 43 chambres sur 4 étages, certaines sont communicantes, seules 25 comportent une salle de bain moderne. 
 Au dernier étage, en attique, notre ancien appartement, est inoccupé actuellement, j’avais l’intention d’en faire une suite de luxe, mais le projet ne s’est jamais réalisé.
Pendant ½ heure, Madame Borodimi continue à nous exposer toute l’histoire de l’hôtel et de sa vie qui y est liée.
Nous nous gardons bien de l’arrêter, on la sent, comme beaucoup de vieilles personnes, pleine de regrets sur sa jeunesse flamboyante envolée.
Enfin, elle s’arrête, repose son éventail sur le bras du fauteuil, se redresse et…
– Je suis fatiguée, allons directement au fait : 1 million. Ah,... j’oubliais, derrière, attenant à l’hôtel, une parcelle d’un hectare, soit 10.000 m2 de forêt.
J’en reste bouche bée, et presque frustré, moi qui m’attendais à des tractations laborieuses, pour l’amener à avancer son prix en premier. 
J’ai le palpitant qui palpite, du calme, respire un bon coup, discrètement quand même, je prends l’air soucieux, 
– 1 million, quand même ! Plus encore un million pour la restauration et une mise aux normes. 
Dans mon for intérieur, je sais que le prix demandé ne représente même pas la moitié de la valeur réelle de ce bien. – Ne pas sortir d’ici sans avoir conclu l’affaire.
– Madame Borodimi, votre offre nous intéresse sérieusement, mais je dois discuter un moment avec mon épouse.
– Vous pouvez rester là, je vais vous faire servir un rafraîchissement par Alexy, mon fidèle majordome. En attendant, je vais aller dans mon bureau faire un peu d’administration.
Sur ces entrefaites, Alexy arrive, aussi âgé que sa patronne, raide comme la justice de Berne, en habit de majordome, il en impose.
– Citrrronnade, champagne, coca-cola, ces msieudames désirent ? Le buste se casse, juste ce qu’il faut.
Alexy roule les rrr comme un russe. 
– Deux citronnades, avec de la glace svp.
– Cléo, t’as compris, une occasion pareille ne se représentera plus jamais, c’est inespéré, mais comme nous sommes à 50/50, tout au moins moralement, tu dois être d’accord. J’en conviens, c’est un énorme investissement, la moitié de notre capital va y passer, alors nous devons bien y réfléchir.
Plus bas – si c’est oui, il faut conclure immédiatement.
– Voilà votre citronnade, Monsieur et Madame Le Wenk.
– Merci, Alexy. Je suppose que votre patronne vous a mis au courant de la raison de notre présence ici.
– Oui, succinctement. 
– Qu’en pensez-vous ? Pour votre avenir…
– Oh... vous savez Monsieur, j’attends que ça pour prendre ma retraite, j’ai un joli petit appartement à Lugano, ne vous faites pas de souci pour moi.
– Ah... très bien, je suis heureux pour vous.
Alexy, droit comme un i, dans sa démarche d’ancien officier du Tsar, s’éloigne et disparait derrière une tenture.
Nous reprenons notre discussion interrompue.
– Alors Cléo ? 
– Je suis d’accord sur toute la ligne, mais il faut quand même prévoir un contrat en bonne et du forme devant notaire. Je propose de faire signer à Mme Borodimi une promesse de vente, et de lui verser un acompte de 100.000 fr. – j’ai mon carnet de chèques sur moi.
Sacrée Cléo, toujours pragmatique, parfait, c’est OK.
En tout cas, une chose est certaine, il n’y a pas d’air conditionné. La chaleur est étouffante la citronnade glacée est la bienvenue.
Sans un bruit, Madame Borodimi arrive tranquillement de son pas majestueux.
– Alors, qu’avez-vous décidé.
– Nous sommes d’accord, si vous voulez bien rédiger une promesse de vente immédiatement ? Nous vous verserons un acompte de 100.000 fr. 
– Une requête au préalable, pouvons-nous visiter le bâtiment ?
– Oui, bien sûr, mais je ne peux pas vous accompagner, allez-y seuls, pendant que je prépare le contrat. Les clés des chambres libres sont au tableau à la réception, servez-vous, je vous fais confiance.
– Une chose me tracasse, que souhaitez-vous faire avec cet immeuble, je n’espère pas des appartements à vendre en PPE ?
– Non absolument pas, nous allons continuer dans la même direction, avec une partie réservée à des pensionnaires à l’année.
– Bien, je suis rassurée sur l’avenir de mon cher hôtel. Je vous laisse le visiter.
Nous passons le reste de l’après-midi à tout examiner, de la cave au grenier.
Le chauffage est antédiluvien, les chambres entièrement meublées dans un splendide mobilier style art-déco d’époque, est usé jusqu’à la trame. L’attique, abandonné depuis longtemps, accueille une compagnie de ramiers, des toiles d’araignées et une couche de poussière recouvre tous les meubles. Depuis le balcon, je me hisse à l’aide d’une échelle pour examiner le toit plat, qui réserve souvent des surprises très onéreuses. La bonne surprise, c’est qu’il semble avoir été refait récemment. Moquettes et tapis sont à remplacer dans l’ensemble du bâtiment. L’ascenseur, typique de ces années, devrait pouvoir être conservé, mais la machinerie entièrement remise à neuf.
Au sous-sol, la cuisine dans un triste état, nécessite une modernisation totale.
– Cléo, t’as tout noté, pour faire une première évaluation des rénovations. Il y a du boulot.
Allons retrouver notre bonne dame Borodimi. 
Lorsque nous arrivons dans le grand salon du rez, la maîtresse des lieux est installée dans son fauteuil préféré. L’éventail est sur marche rapide. Sur une table de service, un sceau d’argent laisse dépasser le goulot d’une bouteille de champagne.
– Voilà la promesse de vente, je l’ai déjà signée, à vous maintenant. Vous avez visité mon palais ? Il est beau, n’est-ce pas ? 
N’osant pas lui décrire la réalité, ce qui lui ferait trop de peine, j’acquiesce – oui vraiment magnifique.
Il semble que le temps se soit arrêté depuis un bon moment pour cette vieille dame.
– Cléo lui tend le chèque. Tenez, madame, l’acompte de 100.000 fr., comme promis. Pour la suite, nous allons prendre un r. d. v. chez un notaire afin d’établir le contrat de vente définitif. 
– Merci, je suis triste, mais en même temps soulagée, monsieur Le Wenk, servez-nous une coupe de champagne pour conclure notre accord.
– À la réussite de votre projet – santé… santé… à la vôtre… que comptez-vous faire après la vente ?
– J’ai une fille qui habite Côme à 35 km d’ici, elle possède une maison en bordure du lac, et un appartement spécialement aménagé pour moi m’y attend depuis longtemps.
Une semaine plus tard, nous concluons l’affaire chez le notaire, et effectuons le payement avec un léger arrangement profitable aux deux protagonistes.
Mon argent n’a jamais été déclaré, mais celui de Cléo est parfaitement clean.
Avant de retourner à Genève, nous chargeons un architecte de s’occuper des travaux de rénovation. 
Le devis provisoire s’élève à 500.000 fr.
Installés sur le canapé dans notre studio, loué pour la circonstance à Campione, nous regardons distraitement le téléjournal du soir sur la TSR. Tout en discutant de l’organisation de notre futur établissement.
Brusquement, notre attention est attirée par les paroles du commentateur qui parle d’un effroyable massacre dans un chalet de Villars et dans une ferme de Chaisrise, dans le canton de Fribourg où 48 personnes ont été retrouvées mortes, probablement victimes d’un suicide collectif. Certaines des victimes étaient revêtues d’une cape rituelle blanche ou noire, toutes étaient affiliées à une secte « L’Ordre de Sélénius ». Il semble que les deux dignitaires de la secte se seraient également suicidés et seraient à compter parmi les morts.
Atterrés, totalement abasourdis par cette annonce, dont nous avons immédiatement compris la portée, et la terrible menace à laquelle nous venons d’échapper grâce à notre vigilance.
Va-t-on être mêlés à cette affaire, nos noms apparaissent-ils dans un fichier découvert par la police, nous l’ignorons pour l’instant.
Nous décidons de rester discrets et de prolonger notre séjour ici à Campione, en attendant l’évolution de l’enquête.
Le drame de « Sélénius » fait la une des médias du monde entier, chaque jour des nouvelles informations sont diffusées par la police et le juge d’instruction.
Nous apprenons que certains cadavres ont été retrouvés la tête dans un sac un plastique et d’autres une balle dans le crâne.
Pour Cléo et moi, le choc est terrible, nous connaissions la plupart des victimes, et rien que de penser à ce qui leur est arrivé nous glace d’effroi.
Y a-t-il des survivants qui auraient échappé au piège tendu par Dimagro et ses complices ? Ce n’est pas le moment de se découvrir pour les retrouver. Ici nous sommes provisoirement à l’abri des journalistes et de la police.
La seule chose à faire, c’est d’attendre que cela se tasse, si la police a des informations nous concernant, ils nous retrouveront à un moment ou à un autre.
Nouvelle info : Cette fois au Québec, 5 personnes avaient été retrouvées assassinées ou suicidées le 30 septembre déjà, soit 5 jours avant Villars, selon un mode opératoire identique. Dans chaque cas, les bâtiments ont été incendiés au moyen d’une mise à feu, commandée à distance.
Ce document retrouvé lors d’une perquisition dans l’appartement de Dimagro nous donne un début de piste.

Transit pour le futur :

« Notre Transition Consciente et volontaire entraîne avec elle, tous ceux qui partagent, consciemment ou non, ce noble héritage et acceptent en eux le Feu Christique d’une façon vivante. Parce que nous savons qui nous sommes, d’où nous venons, où nous allons, conscients de notre futur, nous concrétisons aujourd’hui les conditions d’un Plan préétabli en d’autres temps et appartenant depuis toujours au Règne de l’Esprit, nous incarnant sans rompre le lien subtil qui unit la Créature au Créateur, nous rejoignons notre Demeure. La race va irréversiblement vers son autodestruction. La Nature entière se retourne déjà contre ceux qui ont abusé d’elle, l’ont corrompue et profanée à tous les niveaux. L’homme en payera le lourd tribut, car il n’en demeure pas moins le seul responsable. Attendant les conditions favorables d’un Retour possible, nous ne participerons pas à l’anéantissement du règne humain, pas plus que nous ne laisserons nos corps être dissous par la lenteur alchimique de la Nature, car nous ne voulons pas courir le risque qu’ils soient souillés par des fous et des forcenés ».
Un mois s’est écoulé, les médias sont passés à autre chose, nous sommes un peu rassurés.
Durant ce temps les travaux avancent, mais ils ne seront pas terminés avant 3 mois, dans le meilleur de cas.
Nous prenons comme objectif de démarrer notre nouvel établissement dont le nom sera désormais « Centro di fitness naturale de Campione », début mars.
Il est grand temps de rentrer à Genève organiser notre déménagement définitif à Campione et de commencer la promotion pour remplir le C.F.C. (Centro Fitness Campione)
Ce n’est pas sans une certaine inquiétude que nous réintégrons le studio de Cléo à Carouge. 
Chaque semaine nous prenons le train pour Lugano et un taxi ou le bus pour Campione, où nous allons superviser les travaux de rénovation du bâtiment dont nous sommes désormais les nouveaux propriétaires.
La priorité a été donnée pour l’aménagement d’un appartement sur l’attique, destiné à notre usage personnel.
La suite de luxe contiguë est en partie terminée.
Nous commencions à être rassurés sur notre relation malheureuse avec l’Ordre Sélénius, quand, début décembre, une lettre à notre nom, sans timbre postal est déposée dans notre boîte aux lettres, dedans une page blanche avec juste inscrit cette phrase sibylline :
« Prochain voyage pour Vénus ? le 15 décembre, soyez prêts » 
Catastrophe… merde… de merde… moi qui pensais en être débarrassé, je vois que nous sommes toujours dans leur ligne de mire, et que nous sommes surveillés.
Pas question d’aller à la police, là, avec mon passé, ils ne me lâcheront plus et ils sont même capables de tout m’y mettre sur le dos.
Je mets le tout dans une enveloppe en prenant soin de ne pas laisser d’empreinte, et, dans la soirée, je vais glisser discrètement l’enveloppe dans la boîte de l’hôtel de police du Bdl Carl-Vogt. Qu’ils se débrouillent avec ça !
Dès le lendemain, nous nous activons à faire le vide dans le studio, nous chargeons nos effets personnels indispensables dans nos deux voitures, je téléphone à Emmaüs pour qu’ils se chargent de vider ce qui reste comme meubles. Par prudence, je ne préviens personne de notre départ définitif.
Dans la nuit, nous prenons la route Blanche, passons le tunnel du Mt.Blanc, direction Milan, dormons quelques heures sur un parking, traversons Come et arrivons à Lugano dans la soirée où nous prenons une chambre dans un hôtel comme de simples touristes, en prenant la précaution de garer nos véhicules dans le parking souterrain.
Je laisse passer deux jours, avant de prendre seul, un taxi pour Campione, je me rends directement chez Alberto pour me renseigner si quelqu’un a demandé après nous.
Non… ! Personne.
De ce côté tout semble calme. Je passe ensuite au chantier de l’hôtel faire accélérer la finition de notre appartement. Le chef de chantier m’assure être en mesure de le terminer dans les dix jours.
Retour à Lugano, je laisse les voitures au parking et, avec Cléo, nous prenons le bateau pour un tour du lac, nous débarquons le soir à Campione et rentrons directement à notre appartement.
Par sécurité, nous décidons de ne plus en sortir avant la date fatidique du 15 décembre.
C’est le 16 au soir que nous apprenons le nouveau massacre au téléjournal de TF 1.
Dans la nuit du 15 au 16 décembre, seize personnes – treize adultes et trois enfants de 2, 4 et 6 ans – ont été immolées par le feu au lieu-dit « le trou de l’enfer », dans une clairière isolée du plateau du Vercors. L’enquête policière a déterminé que quatorze personnes avaient été tuées par une ou deux balles de pistolet 22 long rifle, après avoir absorbé des sédatifs, puis incendiées à l’aide de white spirit. Les deux exécuteurs sont des inspecteurs de la police française. Ils se sont également aspergés de white spirit et se sont jetés dans le feu après s’être tirés une balle de 9 mm parabellum dans la tête (armes retrouvées près de leurs corps). Le Procureur de Grenoble a ouvert une information judiciaire pour assassinats et « association de malfaiteurs », avec possibilité de complicité extérieure.
Si cette version est la bonne, nous sommes presque rassurés, il ne devrait plus rester d’exécuteur de Sélénius vivant susceptible de nous traquer.
Nous n’oublierons jamais ce à quoi nous avons échappé. Pour une fois que j’avais baissé ma garde pour faire confiance à autrui, c’est raté… pan en pleine gueule, on ne m’y reprendra plus. 
Merci tout puissant de nous permettre d’être encore là, nous allons nous efforcer Cléo et moi de mettre à profit ce regain de vie pour consacrer temps et argent à aider et soulager notre prochain à travers la structure du « Centro di fitness naturale de Campione ».
Début février, nous nous installons dans notre nouvel appartement, aménagé avec goût dans la rigueur zen par Cléo.
Je vous fais grâce des multiples problèmes qui surgissent chaque jour avec les différentes entreprises qui travaillent sur le chantier, qu’il faut résoudre à coup de palabre ou de billets palpables…, eh ! nous sommes quand même en Italie.
Le 15 mars, c’est la fiesta de fin des travaux dans le grand hall d’entrée.
Maintenant, c’est l’entreprise de nettoyage qui entre en action, et, pour terminer, les meubles Art-Déco entièrement restaurés sont installés dans leurs chambres respectives.
Le 1er avril, anniversaire de naissance de Lilas, ma seconde fille, nous invitons nos familles respectives à la cérémonie d’ouverture du « Centro di fitness naturale de Campione ».
Nous proposons à ceux qui le désirent de passer une semaine de vacances gratuites, ce qui permettra un ultime test pratique, du fonctionnement de l’établissement.
J’ai proposé à Saba et Lilas un emploi comme laborantine et diététicienne dans la nouvelle structure alternative. 
Cette fois ça roule, nous sommes sur les rails, mais ça ne tourne pas encore à pleine vapeur.
Je sais bien qu’il faut au minimum une année pour atteindre la rentabilité nécessaire à la pérennité de notre entreprise.
C’est le moment de solliciter nos réseaux, amis et relations d’affaires. (Internet n’est pas encore disponible au public)
6 mois après l’ouverture du C.F.C, nous recevons une réservation pour la suite « Libertad » en provenance des États-Unis pour une personne qui désire conserver l’anonymat le plus strict.
Nous savons que c’est une femme, très riche et très connue dans le star-business et qu’elle se déplace avec un staff d’une dizaine de personnes.
Avant de conclure, je demande à avoir une conversation privée avec cette personne, ce qui demande, selon son secrétaire personnel, un délai de 48 heures. Je suis au bureau avec Cléo lorsqu’un appel téléphonique retentit, c’est Cléo qui décroche, écoute... et répond en anglais.
Bonjour, je suis, madame Le Wenk, directrice du Centre Fitness de Campione.
Ah... oui je suis au courant. Oui..., pardon... une minute, je me renseigne auprès de mon mari.
– C’est la dame qui a réservé la suite VIP. Elle veut faire une cure de santé macrobiotique de 10 jours, elle dit que c’est Mitio Koshi de Boston qui nous a recommandés. Elle nous dévoilera son nom à son arrivée. Sommes-nous d’accord ?
– Oui, mais elle doit venir seule, sans accompagnateur.
– Je l’informe. Une minute...
– Elle demande si avec 1 personne c’est possible ?
– Dis-lui que c’est d’accord, mais pas plus et demande-lui quand elle compte arriver.
– Elle ne sait pas, dans 2 ou 3 jours.
Quelques jours plus tard, sans autre préavis, une femme svelte et élancée, le visage caché sous un immense chapeau avec des lunettes noires grandes comme des soucoupes, parlant espagnol, se présente à la réception et demande à rencontrer Cléo.
Comme elle semble épuisée, le réceptionniste la prend par le bras et l’installe dans un des fauteuils du hall d’entrée.
– Un momento, llamo a la señora Le Wenk.
Lorsque Cléo arrive, elle comprend immédiatement à qui elle a affaire, l’inconnue américaine.
– Venez, ne restons pas là, je vous accompagne dans votre appartement. Vous êtes seule, pas de bagage ?
– Ils vont arriver plus tard, avec ma secrétaire.
Cléo et l’inconnue, qu’on appellera Louise dorénavant, se dirigent vers l’ascenseur, à l’instant où j’en sors.
Je la reconnais immédiatement, malgré ces lunettes, c’est M..... la reine du pop.
– Bonjour, Madame, Blaise Le Wenk, bienvenue dans notre établissement. Je reviens vous trouver dans un instant, je vais donner des ordres pour les derniers arrangements de votre suite que nous avons nommée « Libertad » en votre honneur. En attendant, Cléo va vous aider à vous installer.
À tous les étages de l’hôtel, c’est le branle-bas de combat, tout le personnel en alerte, réunion immédiate au grand salon.
– Bonjour. Voilà mes directives du jour.
– Notre première cliente VIP, qui va occuper la suite “Libertad“, est arrivée. Respectez son incognito, lorsque cela sera nécessaire, vous l’appellerez Mademoiselle Louise. Ne l’importunez pas inutilement, elle vient pour se reposer et, le plus important, veillez à ne laisser personne s’introduire dans ses appartements.
– Allez... au boulot.
À mon tour, je prends l’ascenseur, pour monter à l’attique où se trouve l’accès privé de notre appartement et la suite VIP.
Je frappe et rentre, Louise et Cléo, assises côte à côte sur le canapé du salon, sont en grande discussion, je m’installe dans le fauteuil et les écoutes, sans me mêler à la discussion.
L’entretien a trait à la vie trépidante de M... qui semble être proche du burnout.
– Excusez-moi, je dois m’absenter, Madame Louise, je vous verrai demain matin à 9 heures. Nous remplirons ensemble le questionnaire de consultation qui précède tous les soins de santé que nous prodiguons ici. D’ici là…, reposez-vous, nous vous ferons monter un repas à 19 heures. Si vous avez besoin de quoi que ce soit, vous décrocher l’interphone, il y aura toujours quelqu’un pour vous répondre.
Le lendemain, lors de l’entrevue que j’ai avec M. Louise, je lui énumère la liste des principaux problèmes de santé que j’ai diagnostiqués, suite à la consultation :
IMC de 18 trop bas.
Reins fatigués.
Perte importante de cheveux.
Saignement des gencives lors du brossage matinal.
Sinus et utérus encombrés par du mucus, ce qui rend difficile voire impossible toute grossesse.
Carence en minéraux, suite aux différents régimes plus ou moins restrictifs qu’elle a suivis pour maintenir sa ligne.
À ma grande surprise, sa préoccupation majeure du moment, c’est justement de tomber enceinte et d’avoir un enfant.
C’est l’année où M…, au sommet de sa carrière, interprète ;           
« Argentina » et c’est également l’année où M…, grâce à nos soins et à nos conseils, mettra au monde Maria son 1er enfant.
Louise va rester 15 jours dans notre centre, elle suit scrupuleusement mes recommandations, participe incognito aux colloques que j’organise chaque soir avec Cléo. 
À son départ, elle est rayonnante et ne tarit pas d’éloges sur son séjour au C.F.C de Campione, où elle reviendra plusieurs fois se refaire une santé au cours des prochaines années.
Nous apprenons, par une indiscrétion d’un journal people, qu’elle a engagé un cuisinier spécialisé dans la cuisine bio-macrobiotique, qui la suit et lui prépare ses repas, dans tous ses déplacements.
C’est également suite à ses recommandations que notre suite sera occupée en permanence par des politiciens connus, des artistes de renoms et quelques CEO de grandes entreprises du Nasdaq (Directeur général, chef de la direction – en anglais : chief executive officer – est la personne qui occupe le rang le plus élevé dans l’administration d’une entreprise).
Dans les années 2000, il faudra même 6 mois au minimum pour obtenir une réservation, donnant droit à résider 15 jours dans la suite « Libertad ».
Par ailleurs, sur les 40 chambres de notre centre de remise en forme, 10 studios sont occupés à l’année par des personnes âgées qui désirent y finir leur vie décemment, à l’abri des pressions d’un corps médical tout puissant, qui veut à tout prix prolonger leurs vies, souvent contre leur gré.
C’est pour cette raison que nous militons Cléo et moi depuis plus de 40 ans, et que nous avons développé cette structure de médecine alternative et préventive :
Le « Centro di fitness naturale de Campione ».
Pour que ce rêve ne reste pas une utopie… pour que la médecine macrobiotique ainsi que toutes les méthodes de soins parallèles deviennent une alternative de vie pour tous, et non pour quelques Bo-Bo privilégiés ou pour quelques richissimes personnages ayant abusé des plaisirs de ce monde.
Pour que l’humanité ne disparaisse pas, engloutie et asphyxiée sous des montagnes de dollars accumulés inutilement par des profiteurs inconscients.
Nous avons accompli notre rêve de rédemption. En 2005, après avoir créé la fondation « Liberta » pour protéger le C.F.C. contre toute tentative spéculative, nous passons la main à la relève que nous avons formée.
Avec Cléo nous nous retirons à Arogno, un hameau paisible au-dessus de Mendrisio, situé à peine à 25 km de Campione, où nous continuons, régulièrement de transmettre nos connaissances à travers des conférences organisées à la fondation « Liberta » et la technologie ne cessant de progresser, nous avons maintenant l’opportunité de donner des consultations de santé à travers le monde entier en utilisant le programme de vidéo en direct Skype.

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Prochain chapitre : 14