dimanche 26 mars 2017

CHAP. N°7 — MON "PARRAIN" DE BOSTON




      Je travaille à nouveau avec Tobias, je m’occupe de l’exportation aux Amériques des vrais-faux meubles anciens produits pas son atelier d’ébénisterie.
L’importation de voitures US, c’est terminé, ça a eu payé, mais ça paye plus, maintenant l’essence est trop chère pour alimenter ces gouffres, reste juste encore quelques véhicules de collection, que mon père conserve précieusement sous bâche pour plus tard – Tu verras, un jour, elles vaudront leur poids en or. Il ne se trompait pas.
Les meubles sont payés en dollars, sur facture, taxe de douane, déclaration et tout le tralala habituel. C’est un comptable qui s’en occupe, nous on n’a pas trop l’habitude !!
Blaise, j’ai un problème avec notre agent à Boston, il ne nous a toujours pas payé les dernières livraisons de meubles, il y en a pour 150.000 $. Il faut que tu te rendes à Boston, pour lui remuer les fesses. Tu reviens avec l’argent, sinon on arrête tout, il y a d’autres débouchés intéressants avec les Russes et Galya a des connexions à Saint-Pétersbourg.
– OK, père, je prends mon billet, et je pars le plus vite possible.
– Martina, je dois partir aux États-Unis régler une affaire urgente pour mon père. Je te téléphone dès mon arrivée à Boston. J’en ai pour 3 ou 4 jours.
Vol sans histoire, c’est la première fois que je mets les pieds aux USA. Atterrissage au Logan Airport de Boston. Taxi jusqu’à Brooklyn et une adresse à Jamaica Plaine, un quartier de Boston.
Le taximan me dit qu’il n’y va pas, trop dangereux.
– Non... non ici, c’est « Zone Crime », vous voyez les écriteaux… là. Descendez, je ne vais pas plus loin, vous pouvez prendre le bus, mais faites gaffe, il y a danger. 
Il m’a foutu la trouille, ce con. Par prudence, je renonce momentanément, 
– Bien, alors amenez-moi dans un hôtel proche, à Brooklyn.
Je loue une chambre, juste pour déposer mes bagages, et mettre des habits moins voyants, ensuite, je téléphone à notre correspondant.
– Good look Mister Ramirez, je suis Blaise Le Wenk le fils de Tobias, je voudrais vous rencontrer. Non... vous envoyez une voiture me chercher à l’hôtel Eliot. Dans 15 minutes… OK, j’attends devant l’entrée.
Une grosse Cadillac noire rallongée avec vitres fumées s’arrête devant moi.
Le chauffeur, en Ray Ban et Bob vissé sur la tête, baisse la vitre…
– Vous êtes Mister Le Wenk ? Yes – montez.
Demi-tour sur place, les pneus fument, démarrage de F1, je suis collé au siège. Nous traversons le quartier de Jamaica à plus de 100 à l’heure, ici il n’y a jamais de policier. De chaque côté de la rue des maisons standards à l’américaine délabrées et inhabitées, certaines squattées. Des mecs à la coupe afro ou rasta qui glandent sur les trottoirs, assis sur les escaliers des baraques ou qui jouent au base-ball au milieu de la rue.
Virage brusque à gauche, la cadi s’engage dans une allée bordée d’arbres, stoppe devant une entrée à colonnes de marbre blanc que domine une immense maison en pierres de taille, ce qui est extrêmement rare en Amérique.
– Descendez, c’est ici.
Pas loquace le chauffeur. 
La grosse bagnole noire redémarre, toujours sur les chapeaux de roues et disparaît à l’arrière du bâtiment.
En haut de l’escalier se profile un homme qui doit bien faire ses 150 kilos pour près de 2 mètres, un véritable colosse. 
– Monsieur Le Wenk... montez. Bonjour, je suis Manuel Ramirez, je ne vous connais pas, mais je connais bien votre père Tobias. Nous avons fait de bonnes affaires ensemble.
Entrez, vous êtes mon invité, installons-nous dans ce salon. Whisky ? Bloody Mary ou un rhum de chez nous ?
Alors monsieur Le Wenk junior qu’est-ce qui vous amène jusqu’ici, dites-moi ?
Je suis un peu interloqué par la tournure des événements, et, je peux le dire, carrément inquiet. Je suis bien obligé de constater que j’ai en face de moi une sorte de parrain ou au minimum un chef de gang.
Attaquons d’emblée, avec ce genre de bonhomme, vaut mieux ne pas finasser.
– Monsieur Ramirez, je constate que vous êtes un homme d’affaires important, vous traitez certainement de gros volumes d’argent. Cependant, plusieurs de nos factures sont restées impayées depuis plus de 6 mois, ce qui n’est pas dans vos habitudes. Il est possible que cela vous ait échappé ou que ce soit un oubli de votre comptable... Ou alors il y a eu un problème sur la qualité de la marchandise livrée ?
Ouf... j’attends sa réaction en me donnant une contenance impassible de joueur de poker.
Ramirez prend un air offusqué, vous êtes certain ? Un moment... Un rugissement... Juan ! viens ici.
– C’est mon comptable.
Un petit homme maigre apparaît dans l’embrasure.
– Oui monsieur Ramirez !
– Va me chercher les dossiers de la douane.
– Tout de suite, je reviens. – le voilà. Il y a un problème, monsieur ?  
– D’après monsieur Le Wenk, ici présent, il semblerait que des factures échues des Établissements Tobias Le Wenk à Genève, soient restées impayées ou en suspend. Contrôle-moi ça immédiatement.
– Voyons voir... en effet, je constate que les dernières factures n’ont pas été payées.
– Pour quelle raison ?
– Un problème avec la douane, je crois. 
– Tu crois, comment ça tu crois ?
Juan s’approche de son patron, et lui murmure quelques mots à l’oreille.
– Ah… je vois ! c’est bon Juan, prépare un chèque de 180.000 $ à l’ordre de Tobias Le Wenk.
– Monsieur Le Wenk, veuillez nous excuser pour ce contretemps, nous avons eu un problème d’arrosage avec un douanier, vous voyez ce que je veux dire – dit-il en clignant d’un œil.
– Voilà votre chèque. En attendant, vous êtes mon invité pour ce soir. Nous allons organiser une petite fiesta en votre honneur. 
En fait une sacrée fiesta rasta avec musique, danse et danseuses, cookies fourrés à la marijuana, le tout accompagné de forces rasades de rhum arrangé façon Kingston.



Ah... ils savent recevoir les Jamaïcains d’Amérique.
Réveil dans un immense lit aux draps de soie, à mes côté une des belles danseuses de la soirée, intégralement nue. Dommage je n’ai plus aucun souvenir du tango final.
Je me lève en douceur pour prendre une douche, je ferme les yeux sous l’eau tiède, tiens, mais qui voilà là...! ma danseuse qui arrive également et se glisse sous la douche, avant que j’aie eu le temps de protester, la voilà qui se saisit de mon sexe, le masse avec doigté, se met à genoux sous l’eau ruisselante et me le gobe comme une huitre fraîche gloupfff... gloupfff... Aaaah... Ouilll... mon voyage à Boston n’aura pas été inutile, ça non.
Après m’être rhabillé et vérifié que ma montre et le chèque sont bien dans ma poche, je descends dans le hall d’entrée, mon hôte est là sur la galerie, se balançant dans son rocking-chair.
– Hello Mister Le Wenk, content de votre séjour ?
– Tout a été parfait, je vous en remercie monsieur Ramirez. Pouvez-vous me faire raccompagner à mon hôtel, j’ai un vol de retour à midi pour Genève.
Un hurlement... Ernesto ! Va chercher la voiture et accompagne monsieur Le Wenk à son hôtel.
– Au revoir monsieur Ramirez.
– Salut, Blaise, appelle-moi Manuel maintenant. Si un jour tu as un problème, tu me téléphones ou tu viens me trouver ici. OK ? Tchao...
– Une question, si tu me permets Manuel... quel intérêt as-tu d’acheter des meubles anciens à mon père. ?
Manuel part d’un grand éclat de rire. 
– Blaise, je m’en fous de vos meubles, mon organisation prélève une taxe sur toutes les importations qui arrivent dans les ports de New York à Boston, avec l’aide des douaniers, qui peuvent ainsi arrondir leurs bulletins de paye s’ils me communiquent un double des factures. C’est l’importateur qui paye, entre 3 à 5 % du montant, en échange, nous facilitons les transactions douanières ou, dans certains cas, nous les rendons très compliquées et même quelquefois nous nous approprions la marchandise, lorsque le commerçant refuse de payer la taxe. Si tu avais bien observé, j’ai meublé une partie de ma demeure avec vos meubles. T’as compris mon business, nous sommes des “facilitateurs” du commerce international.
Par contre c’est moi qui lui fournissais les voitures d’occasion en compensation des factures de meubles. Le problème vient de là, vous ne voulez plus de nos voitures, et moi je ne veux pas payer les factures à la place de cet antiquaire new-yorkais qui refuse de payer notre petite surtaxe.
Étrange ambiance, c’est bien la première fois que je pénètre chez un ponte de la mafia et surtout que j’en ressors entier. Au fait, ils sont sympas, si tu ne les contraries pas, il suffit d’être réglo et cela se passe bien. N’empêche que je ne saurais probablement pas venu si j’avais été au courant. Je me demande si Tobias savait, je ne le pense pas.
Rentrons ; vol Boston – Genève. 6 heures d’un sommeil réparateur, j’ai encore la gueule de bois. Arrivé à Cointrin, je prends un taxi pour la rue des Buis où se trouvent les Établissements de Tobias.
Je monte quatre à quatre les escaliers qui mènent au bureau de mon père, il est là assis sur son fauteuil tournant, plongé dans ses paperasses.
– Salut, père, voilà le chèque avec une rallonge pour le retard. Dis-moi, tu m’as envoyé dans la gueule du loup, tu savais que Ramirez est à la tête d’une organisation maffieuse ?
Je lui raconte ma rencontre et le véritable business de monsieur Manuel Ramirez.
– Bien sûr que non, je ne l’ai jamais rencontré, je me doutais bien qu’il y avait un loup, mais pas à ce point, ben merde. Merci fils. Tiens ce chèque de 30.000-Fr., pour ton aide sur ce coup.


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CHAP. N°6 — AMOUR PASSION ET…



Renaître de sa souffrance à chaque fois.



         Depuis cet entretien, je m’efforce de revenir à l’état d’homme. Je ne sais pas vraiment comment m’y prendre, je cherche, je crie… pourquoi !  Tout allait si bien... pour moi.
Ma priorité immédiate, ce sont mes deux filles. Je dois leur consacrer tout mon temps et mon amour, j’en ai fait la promesse à Marie avant son décès. Il est grand temps que je la tienne.
Tobias, mon père, toujours là lorsque cela est nécessaire, me cède l’appartement de la rue Gauthier où je m’installe et l’aménage correctement pour Saba et Lilas. À la fin du mois, je les retire de la pension où elles se trouvaient depuis le début de la maladie de leur mère et les inscris à l’école publique des Pâquis.
Je participe aux réunions d’un groupe des A.A., bien que, comme c’est souvent le cas, je ne me considère pas comme alcoolique.
Chaque jour, je me rends dans un fitness du quartier pour une remise en forme progressive.
Toutes ces activités s’accompagnent d’un suivi médical par un cardiologue et par une diététicienne. Lors d’un test d’effort cardiaque pratiqué à l’hôpital, le cardiologue pour plus de sécurité, me conseille vivement de pratiquer un pontage coronarien.
Je suis en pleine forme, mon cœur bat régulièrement et j’ai arrêté tous les médicaments, contre l’avis des médecins.
Après mûres réflexions, et avoir mesuré les risques d’une telle intervention pas du tout anodine, je décide de ne pas donner suite… et comme ils m’emmerdent avec leur obstination à me découper, je coupe les ponts définitivement avec cette médecine mutilatrice.
Pour avoir le temps de me consacrer à mes enfants, je conviens de rester indépendant. Grâce à Tobias, je renoue avec le milieu des antiquaires et des brocanteurs. De temps en temps, une partie de Black-Jack dans un des cercles de mon père arrondit les fins de mois.
Il faut dire que mon compte secret, bien que conséquent, mais dans lequel je puise depuis plus d’une année, a fortement diminué. Je dois songer à le renflouer à nouveau, si possible d’une manière plus légale.
Je m’efforce d’être présent pour mes deux filles, je prépare les repas, les aide pour leurs leçons. Nous évitons de parler des circonstances de la disparition de leur maman. Un an que j’ai repris une vie plus ou moins normale, deux ans que Marie est décédée. 
Le matin, après avoir accompagné Saba et Lilas à l’école, j’ai pris l’habitude d’aller boire un café et lire le journal la « Suisse » dans un café de la place de la Navigation.
Ce matin, une nouvelle serveuse s’approche de moi.
– Bonjour, monsieur, vous désirez ?
Je lève les yeux de mon journal et reste tétanisé. Devant moi se penche une jeune fille superbe, à la beauté provocante. Blonde, un léger corsage moulant fait ressortir des seins, des seins… je ne vous en dis pas plus… une mini mini-jupe en daim offre à la vue une magnifique paire de jambes galbées à souhait.
– Je bafouille un bonjour, mademoiselle – un café et des croissants s.v.p.
Je la regarde s’éloigner, l’arrière est aussi parfait que le devant. 
Mon cœur cogne dans ma poitrine, ma vue se brouille, je crois que je vais avoir un malaise.
Mais non mon pote, c’est seulement la flèche de Cupidon qui vient de te toucher en plein cœur. C’est le coup de foudre.



Lorsqu’elle revient, j’engage la conversation. Faut pas que je la lâche d’une semelle, cela s’impose comme une évidence.
– Vous êtes nouvelle ici ? 
– Oui, j’ai commencé ce matin, je suis arrivée hier en Suisse pour trouver du travail.
– Eh bien, je constate que vous en avez déjà trouvé. Je suis content pour vous. Vous vous appelez comment ? 
– Martina. 
– Martina ! J’adore, et vous venez d’où ? 
– D’un petit bled près de Cambrai dans le nord de la France.
– Ah je me disais bien que vous aviez un accent alsacien. Martina, je voudrais vous inviter à prendre un verre après votre travail. Vous finissez quand ?
– À 16 heures.
– Si vous êtes d’accord, je viens vous attendre ici.
Je la sens hésiter.
– Ne vous inquiétez pas, je veux seulement vous aider à vous installer à Genève. C’est OK ?
– Oui, mais pas ici.
– Alors où ?
– Je ne connais rien dans le coin, ben... là sur la place, le banc de gauche.
– Bien, j’y serai. Au revoir, Martina.
Je reste à ma place encore au moins 1 heure, je ne me lasse pas de la regarder virevolter entre les tables. 
J’échafaude déjà des projets fous avec elle.
Un téléphone à ma mère – tu peux garder mes filles, je reviens les prendre lundi matin. – Il faut que j’aie les mains libres.
Je passe chercher Saba et Lilas à la sortie de l’école, venez je vous accompagne chez votre grand-mère à la campagne, vous pouvez y rester jusqu’à lundi. Je dois m’absenter ce week-end. 
Impatient, je compte les heures, dès 15 heures je suis sur le banc, fébrile, à l’attendre comme un gamin à son premier rendez-vous.
À 16 heures pile, je la vois sortir du café, traverser la route et se diriger en direction du banc, où elle s’assied à côté de moi.
– Salut, Martina, je m’appelle Blaise, ta première journée de boulot s’est bien passée ?
– C’est difficile, je n’y connais rien, je n’ai jamais fait ce travail avant et surtout je n’arrive pas à m’habituer à l’argent suisse.
– Viens, ne restons pas là, allons-nous balader au bord du lac, c’est plus sympa, c’est tout près, au bout de cette route-là, la rue du Léman.
Mon cœur bat la chamade, c’est le coup de foudre, je suis amoureux. Attention, vas-y mollo, faudrait pas l’effrayer.
5 minutes plus tard, nous sommes assis sur les rochers du quai Wilson. Le lac brille de ses mille paillettes qui réfléchissent le soleil. Une envie folle de la prendre dans mes bras, de l’embrasser, de… de… !
– Au fait, vous logez où ? 
– Dans un hôtel à la Rue des Pâquis. J’ai noté l’adresse sur ce papier ; « Hôtel Moderne » 6 rue des Pâquis.
– Oui, je vois ! C’est un hôtel de passe, tu ne peux pas rester là-bas. Je vais te trouver un logement plus sérieux. Je connais tout le monde dans ce quartier, mon père a une entreprise importante, et j’habite juste un peu plus loin, là dans cet immeuble derrière nous.
La glace semble rompue, la belle n’est pas farouche, bien au contraire. 
J’aurais du me méfier.
– Vous faites quoi dans la vie, Monsieur Blaise ?
– On pourrait se tutoyer, si tu es d’accord, c’est plus facile pour faire connaissance et nouer de bonnes relations.
– Oui, bien-sûr.
– Disons que je suis antiquaire, pour le moment je travaille avec mon père. J’ai eu des problèmes de santé ces derniers temps. Mais maintenant, je suis rétabli et en pleine forme.
– Je suis veuf depuis deux ans, et j’ai deux filles de 12 et 13 ans. Tu vois, je ne te cache rien.
– Et toi ? Raconte-moi tout.
– J’ai 18 ans et demi, j’ai quitté ma famille, ma mère est veuve, j’ai 2 sœurs et 1 frère. Pas de fric, pas de boulot dans mon bled, et en plus ils me font tous chier – je te raconterai. J’avais entendu qu’en Suisse il y avait du travail bien payé et facile à trouver. J’ai attendu d’être majeure, mis un peu d’argent de côté pour un billet de train. Hier matin, j’ai été à la gare où j’ai pris le train pour Genève, et voilà. Arrivée hier, je suis descendue dans le premier hôtel que j’ai trouvé en sortant de la gare, là le patron ou le concierge, je ne sais pas, m’a indiqué l’adresse du Restaurant de la Navigation qui cherchait une serveuse. J’y suis allée immédiatement et ils m’ont engagée d’entrée. Tu parles si je suis contente, surtout que je n’avais que 100 francs suisses pour toute fortune.
– Eh bien, t’es démerde pour une jeune fille. Bravo. Tu faisais quoi dans ton bled ?
– Rien, je rêvais de partir dans un beau pays, et je bossais de temps en temps dans un bar.
– Le soleil se couche, il commence à faire frais, viens je t’invite, on va aller manger dans ce restaurant que tu vois là-bas, c’est le parc Mont-Repos, le restaurant s’appelle l’Orangerie, tu verras c’est top.
– D’accord, mais avant, il faudrait peut-être que je rentre à l’hôtel pour me changer.
– Non... non ça ira, tu es très bien comme ça.
J’ai ma petite idée pour la suite ! Surtout ne pas laisser s’envoler le papillon dans cette nature hostile, il pourrait se brûler les ailes, et je la perdrais, c’est certain.
– Ouah... c’est la grande classe ici. Je ne suis encore jamais allée dans un restaurant comme celui-là.
– Tiens la carte, choisis ce que tu veux.
– Je n’y comprends rien, chez moi, à part les frites et le beefsteak… tu as vu, il n’y a même pas les prix. Commande pour moi. 
– Garçon... vous pouvez prendre la commande s.v.p. – voilà : Langoustine en entrée – magret de canard à l’orange servi avec un gratin de p.de t. – pour le dessert on verra plus tard. Et une bouteille d’œil de Perdrix du Valais. Merci.
Le repas se déroule chaleureusement, nous faisons connaissance, je tente des approches de plus en plus amicales, à la fin de repas elles sont carrément amoureuses.
Je paye l’addition et commande un taxi. Lorsqu’il arrive, nous nous embrassons sans retenue.
C’est dans la poche. Mettons la dernière touche.
Hôtel Moderne aux Pâquis, chauffeur.
Nous nous installons à l’arrière. Je la prends dans mes bras, l’embrasse dans le cou, pose une main sur ces seins... là je suis chaud... chaud.
Arrivés devant l’entrée de l’hôtel, je descends avec Martina, en la tenant par la main, salue le patron en passant qui me fait un clin d’œil, et me tend la clé de sa chambre. Sans prononcer un mot, je monte au premier étage, ouvre la porte et nous pénétrons dans la pièce. 
Je peux voir une valise posée sur le lit, quelques habits sur une étagère et une paire de souliers à hauts talons.
– C’est tout ce que tu as ?
– Ben oui, je suis partie juste avec un sac de voyage, personne n’est au courant chez moi.
– Bon, écoute, je ne veux pas que tu restes dans cet hôtel, fais ta valise, on va chez moi.
Elle acquiesce d’un hochement de tête, range rapidement ses affaires, un regard autour de la chambre, c’est bon, on peut y aller. Je me saisis de son bagage, et descends à la réception.
Je paye la chambre, donne un bon pourboire à Jimmy le patron, qui est un peu proxénète sur les bords.
– Elle n’est jamais venue dans ton hôtel, on est d’accord. 
– OK. Compris, chef.
– Viens, Martina, on y va à pied, ce n’est pas loin.
Trop facile, j’aurais dû me méfier. L’Amour rend fou.
– 6 Rue Gauthier, c’est là, au 6ème étage.
J’ouvre la porte – Vous vous rappelez, c’est un moment particulier, la première fois que vous emmenez une fille chez vous. T’attaques bille en tête ou tu lui offres un verre avant de conclure.
Je repousse la porte du pied, – je me décide pour l’action immédiate – saisissant Martina dans mes bras, je la presse contre moi, pour qu’elle ressente bien où je veux en venir, cherche sa bouche, oui elle a une langue, très agile même. Voyons la suite !
Petit moment de suspense… Quelle va être sa réaction ?
Je soulève son sweater, glisse une main et prends son sein sans ménagement. Martina se pend à mon cou, relève ses jambes, nos bouches sont toujours collées, je franchis ainsi les quelques mètres qui nous séparent de la chambre, la renverse sur le lit, dans une excitation intense, sa petite jupette portefeuille vole en l’air, elle retire prestement le reste, et apparaît nue. 
Je reste médusé, c’est la première fois que je contemple un corps si parfait, Martina ne me laisse pas le temps de m’extasier. 
Elle me tend les bras, écarte ses cuisses, viens... viens.
Le reste de la nuit est censuré.
Au matin, j’entrouvre les yeux, elle est là, nue devant la fenêtre, je n’ai donc pas rêvé !
Elle s’approche de moi, m’embrasse goulûment, je l’attire sur mon ventre pour une suite – non pas maintenant, elle se relève – j’ai faim je voudrais déjeuner.
– Je vais voir ce que je peux préparer ; – Café – œufs à la coque – jambon – toast, beurre, confiture.
Après ce petit déjeuner reconstituant, que nous prenons nus, une douche à deux s’impose, c’est un exercice vachement excitant, nos corps encore ruisselants nous remettons le couvert de différentes façons, pour ses 18 ans elle est vachement experte.
Là j’aurais dû vraiment me méfier. L’Amour est aveugle.
Nous passons toute la journée à explorer nos corps. 
Complètement obnubilé, je prends des décisions hâtives sans en mesurer les conséquences.
Martina, je voudrais que tu restes ici avec moi. Ne retourne pas travailler comme serveuse, je vais te trouver un travail plus intéressant.
Demain matin, je vais chercher mes filles à l’école, nous dînerons ensemble et vous ferez connaissance.
Dès cet instant ma vie bascula ; 
1°) parce qu’elle était belle et fraîche, elle avait 18 ans… – Comme  vous pouvez en juger !
2°) parce que moi, pas très frais, j’en avais 36, le double.

Atteint du syndrome de Faust je me lançais à corps perdu dans la recherche utopique de ma jeunesse perdue. Terminé la fiesta, les bonnes bouffes, les bons vins. 
Alimentation biologique, céréales, légumes, fruits. Une diététique de malade... quoi.
Là, je reviens de loin, le grand saut, je ne vous raconte pas les premiers repas de crudités. Je persévère, et le miracle se produit, je rajeunis, mes premiers cheveux blancs disparaissent, les autres cessent de tomber. Je perds 10 kg. et retrouve une forme olympique.
Martina ne fait pas de difficulté pour suivre le mouvement, du moment que cela profite à sa beauté et à sa ligne.
Quelques mois plus tard, on se mariait.
Eh oui, l’amour rend fou… fou…
Martina travaille maintenant dans le fitness que je fréquentais pour ma réadaptation cardiaque. À l’accueil, sa plastique superbe, moulée dans un justaucorps noir et vert, fait de l’effet sur les clients et est une bonne carte de visite pour ce genre d’établissement.
L’entente entre Martina et mes filles est tout sauf cordiale. Je peux le comprendre, Saba et Lilas s’étaient mises en tête qu’elles allaient remplacer leur mère et s’occuper de moi.
Elles rejettent catégoriquement une étrangère qui n’a que 4 ans de plus qu’elles, et qui leur prend leur papa.
Les conflits sont permanents, et me posent un dilemme insoluble, choisir entre ma femme et mes filles. Je ne trouverais jamais véritablement la solution.
Finalement, pour rendre la situation vivable, je loue une très belle villa qui comprend deux appartements à Mont s/Rolle, sur la Riviera vaudoise.
Chaque matin je prends l’autoroute pour accompagner toute la famille à Genève. Ce qui provoque souvent des drames, Saba et Lilas ne supportent pas d’être assises à l’arrière de la voiture quand la place avant est occupée par Martina.


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Quelques années ont passé. Je ne vois plus souvent Saba qui étudie à l’école de chimie et a intégré un foyer d’étudiants. Lilas est dans une période hippie et vit dans une communauté qui a pris ses quartiers à Coinsin, un bled au-dessus de Nyon.
Martina s’est parfaitement intégrée au mode de vie suisse. Elle a sa propre voiture, adore le shopping, s’habille à la dernière mode et va prendre le thé avec ses copines.
Elle est encore plus belle que lorsque je l’ai rencontrée pour la première fois, ce qui me rend extrêmement jaloux.
Je la soupçonne de me tromper, mais j’ai tellement peur de la perdre que je ferme les yeux, et puis elle est encore si jeune, elle a bien le droit de s’amuser.
Un soir qu’elle est rentrée au milieu de la nuit, en me racontant des salades comme excuse, je décide d’agir et d’en avoir le cœur net. Non... pas de détective, n’oubliez pas que j’ai été un très mauvais garçon dans ma jeunesse. Je vais régler ce problème à ma façon.
Je me procure une tenue de vigile, blouson et pantalon noir, une cagoule et une matraque rétractable, on ne sait jamais ! sans omettre un petit appareil de photo.
Je sais qu’elle fréquente un certain bar au Bourg de Four. Je gare ma voiture à proximité avec vue sur l’entrée. Il est près de minuit lorsque je la vois sortir, accompagnée d’un garçon d’une vingtaine d’années qui la tient par la taille.
Clic. clac... photo. Je les suis et les vois monter dans la 2 CV. du mec, où ils commencent à s’embrasser et à se peloter. Clic. Clac. Photo.
J’en ai assez vu, la rage me submerge, je me précipite, saisit la 2 CV par le toit et la secoue en tentant de la retourner. N’y parvenant pas, j’ouvre la porte, tire brutalement Martina par le bras
– Allez sors de là, espèce de traînée.
Je sors ma matraque, et commence à démolir la voiture, pare-brise, phares, défonce les portes à coups de pied, tout y passe.
Le mec tente une sortie désespérée, tombe sur le trottoir, je le redresse par le collet, mais au dernier moment je me retiens de le frapper, il est jeune et a l’air totalement terrorisé.
J’espère que tu as compris la leçon, je ne veux plus te revoir en compagnie de ma femme... Pigé !
– Oui monsieur, je ne savais pas. 
– Fous le camp et ferme ta gueule pour la voiture, sinon c’est toi que je démolis.
Je le lâche et me retourne vers Martina qui a assisté à la scène sans bouger, toi aussi... t’as compris, la prochaine fois je vous tue, tous les deux.
– Laisse ta voiture ici, monte dans la mienne. On rentre à la maison maintenant. Je sais que je suis cocu depuis longtemps, mais maintenant c’est terminé, tu ne sais pas ce dont je suis capable, alors fais gaffe.
Martina ne dit pas un mot, totalement surprise par la tournure des événements. 
Arrivés chez nous, encore plein de fureur passionnée, je tire Martina dans la chambre, la pousse sur le lit, lui arrache ses vêtements et la prends de force, enfin presque, puisque finalement elle consent et participe même activement.
Nous nous réconciliions sur l’oreiller, mais la blessure est profonde et ne se refermera plus.
Quelques mois plus tard, Martina m’annonce qu’elle est enceinte. Cela devrait la calmer pour un moment. Durant sa grossesse, nous décidons de louer une villa sur la Côte d’Azur. 
Je trouve ce qu’il nous faut à Beaulieu s/mer en front de mer. Plage, resto, casino, la belle vie quoi...
Chaque semaine je retourne 2 ou 3 jours à Genève pour mes affaires.
J’ai eu l’imprudence de laisser l’usage de la maison de Mont sur Rolle à mes filles, qui l’occupent aussitôt avec une bande de jeunes. 
À l’occasion d’une visite, une mauvaise surprise m’attend...
La maison est saccagée de la cave au grenier, les murs couverts de graffiti, toilettes bouchées, emballages jonchant le sol, etc. Il n’y a plus personne, toutes les portes et les fenêtres sont ouvertes et parfois forcées.
Je suis atterré, je pense que Saba et Lilas ont voulu se venger de mon absence. 
Il faut 3 jours à la maison de nettoyage que j’ai mandatée pour tout remettre en l’état. Je ferme tout à clé, dénonce le bail et fais poser des écriteaux interdisant l’accès à la propriété.
Je n’ai pas réussi à rencontrer mes filles, je suis assez inquiet vu la situation et leurs fréquentations.
Depuis ma rencontre avec Martina, j’ai dépensé sans compter, mon compte bancaire a fondu comme glace au soleil et je n’ai pas fait grand-chose pour le renflouer, il est temps que je m’y mette sérieusement.

Trafics de vrais faux.


J’ai été plusieurs fois sollicité par un petit groupe d’antiquaires genevois pour participer à la vente de faux ou de reproductions de lampes Gallé et de bronzes de Giacometti.
Le système fonctionne depuis un certain temps déjà, il a l’air sûr, je décide de les rejoindre, malgré ma décision récente de rester dans la légalité.
Tout le monde sait que la légalité, ça ne rapporte que des clopinettes. Pour gagner beaucoup d’argent facilement, il faut prendre certains risques.
Les lois sont faites pour décourager la multitude des pauvres à qui l’envie viendrait de s’octroyer une part du gâteau capitaliste. Passer de l’autre côté, franchir la barrière des lois et des arrêts, déjouer les multiples pièges installés par les possédants n’est pas une chose aisée, la réussite est incertaine, et en cas d’échec… là tu peux faire une croix sur ta liberté, ton argent, ta famille et tout et tout... tu finis au bout d’une corde ou au trou pour un bon moment.
Tant pis, je prends le risque, je ne vais quand même pas aller grossir le troupeau des esclaves du boulot pour une bouchée de pain.
J’aime la vie, la belle vie, les femmes, le caviar et la liberté, le soleil, l’aventure, et l’argent qui procure tous ces plaisirs. – Alors, les potes, mettez-moi au parfum –. 
Tonio a une connexion en Italie qui peut nous fournir des faux Gallé, fabriqués à Murano et des reproductions de bronze de Giacometti.
Achat d’une lampe Gallé 3000 fr., un vase 1000 fr., un Giacometti, entre 5000 et 10.000 fr. Attention, ces faux frôlent la perfection, ils sont difficiles à détecter, c’est la raison pour laquelle ils sont si chers.
Nous avons quand même un expert de Christie´s dans la poche qui authentifie la marchandise. À la vente on multiplie par 10, voire plus, t’as pas une idée du blé qu’on se fait. Les ventes ont lieu uniquement à Genève et à New York. À la dernière vente, on a encaissé plus d’un million de francs, partagé entre cinq, tu vois le tableau. La mise de fonds de départ était de 150.000 fr. avec les bakchichs.
Alors... tu en es ? Ta mise de fonds est de 50.000 fr.
– OK, je craque. Une question quand même... Comment justifie-t-on l’achat de la marchandise ? Il nous faut bien des factures d’origine !
Là, c’est le point délicat, chacun d’entre nous doit prendre sa part des pièces achetées avec factures à son nom, il n’y a pas moyen de faire autrement.
Nous sommes les vendeurs auprès de Christie´s, et ils sont assez pointilleux sur le sujet. Faut quand même pas exagérer, disons que nous mettons en vente 5 à 6 pièces chacun. Ensuite pot commun, et on partage à égalité.
La prochaine vente a lieu à l’hôtel Hilton de Genève, au printemps, d’ici là nous commandons la marchandise et la stockons au port franc, elle sera dédouanée juste avant l’exposition pour la vente.
Prochaine réunion, chez XYZ dans 3 semaines pour décider qui commande quoi... Blaise, j’attends ta participation de 50 briques, en liquide bien sûr. Tchao, les mecs.
Sur ces entrefaites, je redescends à Beaulieu s/Mer retrouver Martina. Nous avons décidé de revenir à Genève le dernier mois de la grossesse pour qu’elle puisse accoucher à la clinique des Grangettes, en toute sécurité.
30 mars 197xx  – Je suis dans la salle d’accouchement, cette fois je tenais à être présent. Un magnifique bébé, un garçon vient de voir le jour. C’est une sacrée expérience, souffrance et joie, la vie en résumé... quoi.
Encore une fois ma mère me vient en aide et me dépanne pour nous loger.
Une petite villa sur France près de la frontière. Nous y restons 1 an tous les trois sans histoire. Mes affaires me laissent beaucoup de temps libre, ce qui me permet d’assister au premier pas de Cédric notre petit garçon.
Le commerce d’œuvre d’art avec Christie’s fonctionne sans difficulté majeure. J’ai déjà encaissé plus d’un million, cinq cent mille francs en une année, mon compte secret chez P.&T. a repris des couleurs violettes, celle des billets de mille francs suisses.
Comme je manque d’occupation, j’ouvre un magasin d’antiquité dans la vieille ville et participe aux salons des antiquaires de Lausanne et à celui de Palexpo à Genève.
Je suis même élu président des antiquaires romands, Tobias mon père est un peu jaloux, lui qui n’a jamais réussi à se faire élire à ce poste, malgré plusieurs tentatives.
C’est un poste honorifique, mais qui t’expose un peu trop, je ne vais pas tarder à le découvrir.
Ce matin, installé à mon bureau, j’épluche comme souvent les catalogues des prochaines ventes aux enchères de la région. Le téléphone sonne – c’est mon pote antiquaire Tonio.
– Blaise, écoute-moi bien, je viens de subir un contrôle des inspecteurs des impôts pour l’ICHA (actuellement TVA). Ils ont fait l’inventaire du magasin et du dépôt, embarqué mes factures, etc. enfin tout le toutim... Je vois les emmerdes arriver, gros comme une maison. En partant, l’un deux m’a glissé à l’oreille, « vous les antiquaires, nous savons que vous magouillez depuis des années, cette fois on vous lâche plus, nous allons tous vous contrôler et vérifier vos comptes ».
Fais gaffe, t’es dans leur collimateur en tant que président de l’association. Pour le port franc pas de souci, si personne ne parle. Tu te charges d’avertir les membres de notre groupe, tu vois ce que je veux dire.
– OK. C’est bon, je m’en charge, je vais aller les trouver personnellement, c’est plus sûr.
Aïe, là ça va faire mal au porte-monnaie, comme personne ne paye l’impôt sur le chiffre d’affaires (ICHA). Pour moi comme il y a moins d’une année que j’ai ouvert le magasin, je n’ai pas encore d’obligation de déclaration, mais j’aurais dû m’inscrire au registre du commerce.
Je gamberge à toute vitesse, pour parer l’offensive. Dans l’heure qui suit, je trouve un dépôt aux anciens ports francs de Cornavin. J’appelle mon entreprise de transport habituel et leur commande de venir immédiatement vider mon magasin, comme je suis un bon client, ils acceptent. 
Le soir ne reste en vue, que de la brocante sans valeur, ouf.. J’ai échappé au pire, ils peuvent venir maintenant, il n’y a plus de preuves.
Maintenant occupons-nous des collègues.
Nous avions mis en place un protocole d’urgence en cas de nécessité dans nos affaires avec Christie’s. 
Par téléphone. – Salut X… convocation urgente ce soir 21 heures où vous savez –.
C’est dans un des salons de l’hôtel Métropole où nous pratiquons de temps en temps des révisions.
Salon Lotus, sous-sol du Métropole.
Bonsoir, en tant que président, je dois vous informer que la chasse aux antiquaires non déclarés est ouverte. Ceux qui le peuvent encore, prenez vos précautions. Sinon fuyez, ça va cogner fort dans la caisse.
À la suite de cet avertissement, quelques-uns ont été pris dans les filets des services fiscaux. Redressement, amende, investigation, etc. J’en connais qui ont dû payer plusieurs centaines de milliers de francs.
Moi, je passe entre les gouttes, mais je n’ai plus de magasin, juste un dépôt non déclaré. À ce propos, j’ai une chance de cocu, le broco, qui possède le dépôt qui jouxte le mien, me propose une assurance – on ne sait jamais, ces anciens bâtiments sont tout en bois, vieux et bien secs. – Allez prends-moi une petite assurance à 100.000 balles (vol-incendie-dégâts d’eau), tu risques rien pour 30 fr. de prime par mois. 
– Passe-moi ce contrat que je le signe, tiens je te paye les 3 premiers mois.
Le 1er aout, jour férié de la fête nationale suisse, je suis chez moi peinard à la villa avec Martina et Cédric. Il fait grand beau et chaud quand la sonnerie du téléphone se fait entendre.
C’est mon pote, le broco-assureur… Blaise, t’es assis, les entrepôts des CFF sont en train de brûler entièrement, paraît que c’est une fusée qui est tombée sur le toit qui a mis le feu, ça explose de partout, il y a des bonbonnes de gaz qui pètent, je pense qu’il faut que tu viennes.
– Merci, j’arrive.
En arrivant, je ne peux que constater les dégâts, il n’y a plus qu’un immense tas de cendres fumantes, mon dépôt a totalement brûlé, il ne reste rien de rien, impossible d’approcher pour le moment. La police installe un cordon de sécurité. Revenez demain pour le constat avec votre assureur.
Le constat sera vite fait, je devrais toucher la totalité du montant assuré. Bien entendu, comme tous les assureurs, il tergiverse quand même.
Veuillez nous fournir des pièces justificatives, factures, photos, etc. L’astuce, ne jamais déclarer une valeur totale, supérieure au montant assuré, sinon ils vous le déduisent.
Je me suis assuré pour 100.000-fr. je déclare la valeur de mes pertes à 100.000 fr. – Je touche 100.000-fr. 
Je sais, ça fait un peu combine après 1 mois, mais pour une fois je n’y suis pour rien.
L’arnaque de la vente des lampes Gallé et des bronzes de Giacometti  dans les ventes de Christie´s a failli mal se terminer. Un marchand français, qui avait acheté un bronze de Giacometti plus de 150.000 $, a eu la malencontreuse idée quelques mois plus tard, de le remettre en vente à Drouot, manque de pot, les experts de Drouot on découvert que c’était un faux. Le galeriste parisien s’est retourné contre Christie´s qui a du lui rembourser son achat, plus une sérieuse rallonge, afin d’éviter le dépôt d’une plainte pour abus de confiance.
L’antiquaire de notre groupe qui avait vendu le faux Giacometti s’est justifié en certifiant sa bonne foi, sur facture. Notre expert Christie a été viré. Finalement comme souvent dans ces cas litigieux, la grande maison Christie´s a préféré laisser tomber, et nous aussi, par obligation également.
Ben… me voilà à nouveau sans revenu et sans boulot, m’en fous, j’ai un gros magot pour voir venir.
Non... non, personne n’est au courant, même pas Martina, elle aime trop l’argent. J’ai laissé mes dernières volontés à la banque, au cas où... pour mes enfants à leur majorité.
Cédric a maintenant 3 ans, nous habitons toujours avec Martina au Clos Fleuri dans la villa de ma mère. Marcel mon beau-père fait la gueule, car il voudrait bien la vendre.
C’est con, j’ai les moyens de m’en acheter une, mais avec mon compte secret c’est impossible, surtout que maintenant les services fiscaux m’ont à l’œil.
Je travaille à nouveau avec Tobias, je m’occupe de l’exportation aux Amériques des vrais-faux meubles anciens produits pas son atelier d’ébénisterie.
L’importation de voitures US, c’est terminé, ça a eu payé, mais ça paye plus, maintenant l’essence est trop chère pour alimenter ces gouffres, reste juste encore quelques véhicules de collection, que mon père conserve précieusement sous bâche pour plus tard – Tu verras, un jour, elles vaudront leur poids en or. Il ne se trompait pas.
Les meubles sont payés en dollars, sur facture, taxe de douane, déclaration et tout le tralala habituel. C’est un comptable qui s’en occupe, nous on n’a pas trop l’habitude !!
Blaise, j’ai un problème avec notre agent à Boston, il ne nous a toujours pas payé les dernières livraisons de meubles, il y en a pour 150.000 $. Il faut que tu te rendes à Boston, pour lui remuer les fesses. Tu reviens avec l’argent, sinon on arrête tout, il y a d’autres débouchés intéressants avec les Russes et Galya a des connexions à Saint-Pétersbourg.
– OK, père, je prends mon billet, et je pars le plus vite possible.
– Martina, je dois partir aux États-Unis régler une affaire urgente pour mon père. Je te téléphone dès mon arrivée à Boston. J’en ai pour 3 ou 4 jours.



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